
Le 16 juin 2003

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Calculs pour un espace-temps
(Agence Science-Presse) - Voici un autre exemple
de physiciens qui naviguent dans les hautes sphères
de la théorie, mais aboutissent à un résultat
qui passionnera les amateurs de science-fiction: la possibilité
théorique de voyager à travers l'espace-temps.
En physique, on appelle ça un trou
de ver: un tunnel à travers une dimension cachée
de l'espace, qui relierait un point A au point B, même
s'ils sont séparés par des milliers d'années-lumière.
Le concept existe depuis longtemps; on suppose que des trous
de ver pourraient exister ici et là dans le cosmos,
au voisinage de sources d'énergie si colossales qu'elles
auraient entraîné cette "déchirure"
dans le tissu de l'espace-temps: le voisinage d'un trou
noir, par exemple, ferait bien l'affaire.
Mais traverser un tel trou noir à bord
d'un vaisseau spatial? Peu probable, disaient les physiciens:
à l'image d'un trou noir, la gravité serait
si colossale même la lumière ne peut
s'en échapper que quiconque aurait été
aplati comme une galette une galette d'une hauteur
d'un atome! avant d'avoir franchi le seuil.
Pas si sûr, lance à présent,
depuis la Nouvelle-Zélande, Matt Visser, de l'Université
Victoria. Les énergies requises seraient certes gigantesques,
et nous n'avons aucune idée du type de technologie
qui serait capable d'y parvenir, mais il serait théoriquement
possible de traverser un trou de ver, sans devoir pour autant
jeter Einstein à la poubelle lui qui a pourtant
statué qu'il est impossible de voyager plus vite
que la lumière.
Le truc réside dans ce que le physicien
californien Kip Thorne avait appelé en 1988 la matière
exotique: un terme générique créé
pour désigner une particule qui pourrait exister,
sur le seuil d'un trou noir (et d'un trou de ver). Si cette
particule était dotée d'une énergie
négative ce qui signifie moins d'énergie
que l'espace occupé par cette particule un
voyageur pourrait dès lors franchir le seuil (l'événement-horizon,
en termes savants). Cette matière exotique agirait
en quelque sorte comme le poids sur une balance: elle créerait
un équilibre perpétuel sur le seuil du trou
noir. Dans la dernière édition des Physical
Review Letters, Matt
Visser et ses collègues ont calculé la
quantité d'énergie qui serait nécessaire
à franchir ce seuil.
Évidemment, cela fait beaucoup de "si".
Si cette matière exotique négative
existe. Si les trous de ver sont suffisamment symétriques
pour permettre cet équilibre perpétuel entre
énergie négative et énergie positive.
Et si les trous de ver relient vraiment un point
A au point B.
On est encore en physique, mais on n'est pas
loin d'avoir franchi l'événement-horizon vers
la science-fiction...
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