
Le 18 juin 2003

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Le Grand Barrage de Chine
(Agence Science-Presse) - Cette fois, ça
y est. Le plus grand barrage hydro-électrique du
monde, celui dont on parle depuis des années, est
officiellement en marche.
Le barrage des Trois-Gorges sera une catastrophe
écologique, assurent les écologistes. En attendant,
c'est avec des sentiments mêlés que la Chine
l'accueille: il permettra à des navires trans-océaniques
de pénétrer de quelques centaines de kilomètres
à l'intérieur des côtes, accroissant
le boom économique que connaît Chongking, métropole
du centre de la Chine. Mais le prix à payer, outre
les 25 milliards$, aura été le déplacement
de 700 000 personnes et la transformation de plus de 500
kilomètres de rivières en un seul et unique
lac.
Depuis Mao, le débat aura occupé
les esprits pendant des décennies. Il faudra sans
doute des décennies encore avant qu'on ne sache si
le jeu en valait la chandelle.
Le 7 juin, le barrage fermait ses immenses
portes. Le 15, le réservoir était provisoirement
rempli à une hauteur de 135 mètres au-dessus
du niveau de la mer. Le 16, le
premier navire commercial passait les écluses.
En août, si tout va bien, les deux premières
turbines de ce qui deviendra le plus grand générateur
du monde, commenceront
à fournir de l'électricité.
"Pour le pays dans son ensemble, ce projet
peut en valoir la peine, résume au New York Times
le propriétaire d'une petite entreprise de Fengjie,
à 150 kilomètres de là. Mais du point
de vue du citoyen ordinaire d'ici, c'était une erreur."
Car ce n'est pas fini. D'ici 2009, 430 000
autres personnes devront déménager, alors
que déjà, beaucoup des déplacés
sont sans terre ni emploi. Pour eux et pour leurs enfants,
demeurera toujours la nostalgie de la maison et du village
perdus, au profit d'un mégaprojet dont ils n'auront
jamais saisi l'utilité.
A l'inverse, il y a ceux à qui le barrage
a procuré de l'emploi: d'un petit village anonyme,
Fengjie est passé en six ans à une ville dynamique
de 80 000 habitants, dont les plus opportunistes ont déjà
réussi à se faire des petites fortunes en
construisant maisons, routes et ponts.
Mais même eux auront un prix à
payer. Alors que le projet entame sa phase finale apparaît
un autre problème, qui n'avait pas été
pris en compte dans les plans initiaux: la pollution. Il
a suffi d'une semaine après la fermeture des portes
pour que, déjà, les biologistes signalent
une hausse alarmante de la bactérie E. coli, signe
d'une contamination des égouts.
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