
Le 20 novembre 2003

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Chauds et froids au Pôle Sud
(Agence Science-Presse) - Alors qu'on s'inquiète
de la fonte des glaces en Antarctique, à cause du
réchauffement, voilà que la NASA annonçait,
la semaine dernière, que les glaces du Pôle
Sud prennent de l'expansion depuis 1977. Trois jours plus
tard, la revue Science
publiait une étude australienne qui indiquait le
contraire! Qui dit vrai?
Les conclusions optimistes des Américains
sont-elles destinées à minimiser l'impact
des gaz à effet de serre ou bien manquent-ils simplement
de recul ?
Les données satellite de la NASA indiquent
en effet que la mer de glace en Antarctique aurait dramatiquement
régressé entre 1973 et 1977, mais que depuis,
elle aurait graduellement recommencé à croître.
" L'augmentation a été assez lente pour
ne pas effacer totalement la diminution précédente
", précise cependant Claire Parkinson, chercheuse
au Centre de vol spatial Goddard à la NASA: en fait,
si on considère les 30 dernières années,
on se retrouve avec une fonte moyenne de glace d'environ
15 000 km2 par an.
N'empêche. La croissance de la couverture
glaciaire irait-elle à l'encontre de la théorie
du réchauffement de la planète? Ce n'est pas
aussi simple, explique la chercheuse de Goddard, dont les
résultats sont parus dans Geophysical Research
Letters. " Il est raisonnable de croire qu'une
température plus chaude provoque une plus grande
fonte de glace mais c'est loin d'être complet comme
vision. Les vents et les vagues déplacent les glaces
qui peuvent se retrouver dans des endroits plus chauds qui
n'auraient pas permis leur formation."
Mark Curran, directeur de la division Antarctique
au gouvernement australien, croit quant à lui qu'une
période de 30 ans est tout simplement trop courte
pour tirer des conclusions fiables. " La détection
de changements à long terme est masquée par
d'importantes fluctuations de la mer de glace d'une décennie
à l'autre. Ce sont ces fluctuations qui donnent d'apparentes
augmentations à court terme dans les données
satellites. "
De fait, selon les Australiens, la mer de
glace autour de l'Antarctique serait en régression
constante depuis 1950. Les glaciologues de la base de Law
Dome ont même pu remonter jusqu'à 1840 par
l'analyse de carottes de glace: ils y ont mesuré
la concentration d'un gaz émis par le phytoplancton,
une algue microscopique dont l'activité est étroitement
liée à la distribution des glaces dans l'océan
Antarctique.
Ces carottes ont révélé
que la quantité de glace aurait été
relativement stable de 1840 à 1950. Par contre, elle
aurait subitement fondu d'environ 20 % au cours des 50 dernières
années, période au cours de laquelle le climat
antarctique s'est réchauffé de 1,5ūC. "
Le recul des glaces est-il dû au changement climatique
ou fait-il partie d'un cycle naturel ? Il sera possible
de le déterminer lorsque toutes les pièces
du casse-tête pourront être assemblées
et comparées ", dit Curran.
Pour ce qui est de la situation au Pôle
Nord, elle n'est guère réjouissante. Le rapport
de la NASA confirme non seulement qu'il y a recul des glaces,
mais que cette fonte s'accélère. Si la glace
a régressé en moyenne de 30 000 km2 par an
ces 30 dernières années, cette moyenne grimpe
à 36 000 km2 par an, lorsqu'on ne considère
que la période plus récente de 1979 à
2002.
C'est en raboutant les données du satellite
Nimbus 5, qui couvre les année 1972 à 1977,
avec celles plus récentes de Nimbus 7, que la NASA
a pu obtenir ces images des Pôles Sud et Nord sur
trois décennies.
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