
Le 22 mai 2003

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Pauvre petit ARN
(Agence Science-Presse) - Si vous n'êtes
pas encore trop sûr de ce que fait l'ARN, ce petit
cousin de l'ADN, ne vous en faites pas: au rythme où
vont les choses, vous avez tout le temps d'apprendre. Les
espoirs que des scientifiques plaçaient en lui ces
dernières années sont renvoyés aux
calendes grecques.
C'est fou comme la perspective peut changer:
il y a deux ans, l'ARN était décrit par plusieurs
biologistes comme une source possible pour de nouveaux traitements,
allant du cancer au sida. On voit mal, aujourd'hui, sur
quoi pouvaient se baser de tels espoirs, ont prévenu
des experts lors d'un congrès récent intitulé
Understanding RNAissance.
Comme l'ADN, qui forme notre alphabet génétique,
l'ARN est composé de quatre "lettres" -dont trois
se retrouvent aussi dans l'ADN. La différence est
que du côté de l'ADN, une séquence de
lettres (A, C, T, G, etc.) finit par former un gène.
Du côté de l'ARN, une séquence de lettres
aide un gène à produire des protéines.
Les chercheurs ont commencé à rêver
dans les années 80 lorsqu'ils se sont aperçus
que dans certaines circonstances, une séquence d'ARN
attachée à une séquence d'ADN pouvait
bloquer un gène-clef. Par exemple, ont-ils dit, pourquoi
pas bloquer un gène impliqué dans la production
d'une protéine qui accélère le développement
d'un cancer
Par conséquent, si on était
capable d'envoyer ces séquences d'ARN là où
on le voulait, ne pourrait-on pas bloquer l'action de gènes
défectueux et ainsi, vaincre de multiples maladies?
Au cours des années 90, la science
de l'ARN s'est mise à progresser au même rythme
qu'était décodé notre génome,
et des séquences d'ARN devenaient des outils de plus
en plus utilisés en laboratoire pour "s'ingérer"
dans le travail des gènes. En 2002, la revue américaine
Science qualifiait RNAi en anglais, RNA
interference de la plus grande avancée
scientifique de l'année.
L'un des problèmes, qui est devenu
particulièrement préoccupant depuis deux ans,
alors que les tests à ARN passaient des planches
à dessin à des tests sur des souris, c'est
qu'un fragment d'ARN est un million de fois plus fragile
qu'un fragment d'ADN: il se brise en quelques minutes. Pas
très pratique pour l'envoyer en mission dans le corps
humain.
Un autre problème est d'arriver à
envoyer la bonne séquence au bon endroit sans
quoi, il risque d'endommager des séquences génétiques
tout à fait saines.
Et voilà comment tout à coup,
un savoir nouveau qui semblait conduire, sur papier, vers
une révolution médicale, s'est transformé
en un défi scientifique énorme. Ce défi
sera peut-être surmonté un jour: mais il faudra
pour cela pas mal plus de temps que ne le croyaient les
optimistes.
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