
Le 25 novembre 2003

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Les déboires d'une discussion scientifique sur
Internet
(Agence Science-Presse) - Internet est un
magnifique outil pour favoriser les échanges scientifiques.
Mais il est des moments où ça grince, comme
vient de le constater le British Medical Journal
qui se retrouve dans l'embarras à cause de ses forums
de discussion.
Le problème est que si vous faites
une recherche avec le mot AIDS (sida) sur l'ensemble
du site de cette vénérable revue médicale,
vous vous retrouverez avec une proportion étonnamment
élevée de textes écrits par des révisionnistes
du sida: des gens qui, par exemple, sans pouvoir s'appuyer
sur du solide, affirment que le VIH n'est pas responsable
du sida.
En tout, un texte sur six, parmi les 300 premiers
articles que vous trouve le moteur de recherche du British
Medical Journal (BMJ).
Le mystère est résolu quand
on s'aperçoit que la quasi-totalité de ces
textes ne sont pas des recherches publiées par le
BMJ, ni même des articles, mais l'équivalent
des lettres des lecteurs que publie un quotidien: il s'agit
du forum créé par le BJM sur son site web.
Or, les premiers chercheurs interrogés
depuis qu'a été découvert ce fait,
plus tôt ce mois-ci, n'apprécient pas. Surtout
les spécialistes du sida, qui retrouvent ainsi leurs
recherches de longue haleine, passées au crible du
comité de révision du BJM, rangées
sur le même pied qu'une lettre qui peut très
bien avoir été écrite à la sauvette
de même qu'une réplique à cette lettre!
Le débat est d'autant plus embarrassant
que le BMJ n'a aucunement l'intention de pratiquer de la
censure à l'égard de ces révisionnistes,
ce qui irait à l'encontre de sa politique d'ouverture
au débat libre et ouvert dont il fait la promotion
sur son site. Le problème réside plutôt
dans la nature même des moteurs de recherche d'Internet,
qui pas seulement au BMJ sont souvent incapables
de faire la différence entre un texte "solide" et
un texte "rapide". Ce sera la tâche des futurs rédacteurs
en chef que de voir à ce que les futurs programmeurs
ajoutent cette option à leurs moteurs. Mais on prévoit
déjà les hauts cris des révisionnistes
du sida, de l'holocauste ou de la théorie de l'évolution,
qui auront beau jeu d'y voir une forme de censure...
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