La plupart des réchauffements
observés sur ce continent entre 1900 et 1949
étaient "probablement le résultat
de variations climatiques naturelles". Toutefois,
les changements observés entre 1950 et 1999
ne collaient pas, eux, aux variations naturelles
du reste de la planète. Il est impossible
de les expliquer par la nature seule, écrivent
David J. Karoly, de l'École de météorologie
de l'Université de l'Oklahoma et ses collègues
australien, britannique et américains, dans
une étude publiée récemment
par Science.
Et une seconde étude publiée
quelques jours plus tard dans le Journal of Climate,
vient appuyer cette équipe internationale:
on y lit que la hausse des températures dans
la couche basse de l'atmosphère suit
en parallèle la hausse enregistrée
à la surface celle qui nous intéresse.
Le fait de remonter d'un siècle
en arrière n'est pas innocent, puisque les
modèles courants font toujours le même
calcul: depuis un siècle, la température
moyenne à la surface du globe a augmenté
d'un degré Celsius. Et les opposants à
la lutte contre les gaz à effet de serre
de répéter que la Terre s'est maintes
fois réchauffée ou refroidie d'elle-même
au cours de son histoire, de sorte qu'il n'y a pas
lieu de s'inquiéter.
Il faut pourtant se rappeler que 80%
du réchauffement enregistré au XXe
siècle l'a été depuis 1970.
Comment démontrer qu'une partie
de ce réchauffement n'est pas explicable
par les seules fluctuations naturelles? Les chercheurs
dont il est question ici s'en sont remis à
l'informatique et ont pondu simulations après
simulations de l'Amérique du Nord au XXe
siècle: des océans aux montagnes en
passant par les surfaces couvertes d'arbres et les
courants atmosphériques. Un travail de moine.
A l'intérieur duquel ils ont ensuite introduit
différentes influences extérieures:
éruptions volcaniques, activité solaire
accrue... ou gaz à effet de serre et autres
CFC.
Pour la période 1950-1999,
la hausse des températures dans leurs modèles
informatiques ne correspond exactement à
la hausse réelle que lorsque sont introduits
les polluants d'origine humaine. C'est l'empreinte
digitale laissée par le coupable sur la scène
du crime.
Une empreinte digitale qui s'étend
jusqu'à la couche basse de l'atmosphère,
ont mesuré des chercheurs privés dirigés
par Frank J. Wentz, experts en données satellites
de la compagnie Remote Sensing Systems, travaillant
pour le compte de la Nasa. Ils ont pour cela analysé
24 années de données des satellites
météo. Leur analyse est accueillie
froidement par les sceptiques, souligne le New
York Times, tandis que les auteurs, eux, affirment
au contraire que leurs données ne font qu'approfondir
ce que tout le monde se doutait déjà:
l'écart entre les simulations informatiques
et les données réelles se réduit
de plus en plus.