
Le 29 janvier 2003

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Les chaleurs de l'Inde influencent les neiges du Québec
(Agence Science-Presse) - Difficile à
croire, quand la température descend jusqu'à
moins vingt-cinq, que le climat du Québec puisse
être relié d'une quelconque façon à
celui de l'Inde. Et pourtant. Un climatologue indien vient
bel et bien d'établir ce lien.
Dans la dernière édition de
la revue Nature, une analyse
de 11 000 ans de changements climatiques tisse en effet
un fil entre la mousson de l'Océan Indien et les
tempêtes de neige du Québec et, plus loin encore,
du Groenland. A une extrémité du spectre,
raconte Anil Gupta, de l'Institut de technologie de Kharagpur,
on retrouve des époques où l'Inde a connu
beaucoup plus de précipitations, pendant que l'Atlantique
Nord et l'Europe tout entière se réchauffaient
-période pendant laquelle, justement, les Vikings
ont colonisé un Groenland plus hospitalier. A l'autre
extrémité du spectre, on retrouve des époques
où, sédiments à l'appui, l'Inde était
épargnée par les précipitations, et
où l'Europe et l'Atlantique Nord tremblaient de froid.
On a entendu parler de cette recherche jusqu'au
Québec, et pour cause. Mais en réalité,
ce n'était pas ce fil qui intéressaient Anil
Gupta et ses collègues: c'étaient les variations
climatiques elles-mêmes, plus précisément
les variations de la mousson, et ce qu'on peut en déduire
à partir de l'analyse de sédiments et de planctons.
Sachant que la mousson -ce vent tropical qui souffle pendant
six mois dans une direction puis pendant les six autres
mois, dans l'autre direction- constitue l'élément
déterminant des conditions climatiques sur la majeure
partie de l'Asie, mieux connaître son évolution
au fil des millénaires est d'une importance capitale
pour la moitié du globe.
Or, sédiments et planctons se sont
effectivement révélés riches en informations,
résume une analyse
parue ailleurs dans Nature. On constate un cycle
d'environ 1000 ans entre deux "sommets" d'intensité
de la mousson. S'il existe vraiment un tel cycle, ce que
ne manqueront pas de fouiller dès maintenant d'autres
armées de climatologues, cela aura bien des conséquences
sur les investissements futurs des gouvernements d'Asie
face aux futures variations climatiques.
La découverte du lien avec l'autre
bout du monde n'est donc qu'un à coté de cette
recherche: le but premier de cette dernière est plutôt
de confirmer d'autres études sur d'autres variations
climatiques enregistrées ailleurs dans le monde depuis
au moins deux décennies. Ce lien confirme que nous
vivons sur une bien petite planète, où un
changement climatique à un endroit agit, tel un effet
domino, sur une bonne partie du reste du globe.
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