
Le 28 juillet 2003

Retour
au sommaire des capsules
Un anti-douleur microscopique
(Agence Science-Presse) - Un espoir inattendu
pour ceux qui souffrent de douleurs chroniques: il semble
que, chez les rats, on puisse contrôler celles-ci
en manipulant un certain neurotransmetteur.
Les recherches sur des rats qui arrivent à
des résultats encourageants mais qui, des années
plus tard, aboutissent chez les humains à un cul-de-sac,
sont légions. Aussi, même la revue Nature,
qui publie ces résultats, a bien pris soin de souligner
à quel point tout ceci est préliminaire. Mais
en même temps, c'est une piste inattendue.
Il est vrai que les médecins savent
depuis longtemps que la douleur est quelque chose de malléable
d'où les médicaments qui tentent de
l'atténuer, de même que les multiples traitements
psychologiques. Et il est également vrai qu'ils soupçonnent
depuis longtemps que la stimulation de certaines régions
du cerveau peut également atténuer, voire
faire disparaître, certains types de douleurs. Mais
là où ils continuent de trébucher,
c'est sur les origines de la douleur elle-même: comment
le cerveau perçoit-il la douleur? Qu'est-ce qui provoque
le signal qui nous fait dire "aïe"? Sans réponse
à ces questions, il n'y a pas de traitement possible
pour la douleur chronique.
Le neurochirurgien Luc Jasmin et son équipe
de l'Université de Californie à San Francisco,
eux,
ont décidé de fouiller du côté
du cortex insulaire agranulaire, une partie du cerveau
connue pour répondre à des stimulis, dont
la douleur physique. Chez des rats, ils ont ralenti l'activité
de cette portion du cerveau en leur injectant un médicament
connu pour bloquer la production d'une enzyme. Une enzyme
qui digère un certain acide (GABA), connu pour être
un neurotransmetteur. De ce fait, ils ont augmenté
la production du neurotransmetteur en question. Deux heures
plus tard, le rat était moins sensible à la
douleur (il pouvait tolérer un plus haut niveau de
chaleur). En augmentant la production du même neurotransmetteur
d'une autre manière (thérapie génique),
l'effet a duré jusqu'à 10 jours.
C'est donc un chemin fort tortueux. Et rien
ne garantit que tout se passera de la même façon
dans le cerveau humain. Mais si la douleur n'est rien d'autre
qu'une affaire de perception créée par quelques
éléments chimiques qui se promènent
par-ci par là dans notre cerveau, alors ces chercheurs
californiens viennent de mettre le doigt sur quelque chose
d'important. On en saura plus... peut-être dans les
années 2010.
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|