C'est une nouvelle étude sur le
nombre de baleines qui peuplaient les océans,
avant qu'elles ne commencent à être chassées
à grande échelle par les humains, au XIXe
siècle. C'est une étude génétique,
qui compare l'ADN des baleines d'aujourd'hui à
celui des baleines d'hier, dans les océans du
Nord et du Sud. Et sur la base des mutations subies,
sur la base de l'écart entre différentes
espèces de baleines, cette étude de l'Université
Stanford (Californie) arrive à des chiffres effarants:
il y aurait eu jadis, dans l'Atlantique Nord, jusqu'à
240 000 baleines à bosse.
Les estimations précédentes
parlaient de 20 000. Aujourd'hui, vivent environ 10
000 de ces baleines à bosse.
Depuis une semaine, la
controverse entourant l'étude a davantage fait
jaser que l'étude elle-même: en gros,
les critiques décrivent ces chiffres comme irréalistes,
parce que déconnectés de la réalité
que décrivaient les rapports des baleiniers et
des scientifiques de l'époque, résume
par exemple Phil Clapham, du Centre des sciences des
pêches du Nord-Est à Woods Hole (Massachusetts).
La méthode choisie, qui s'appuie sur la fréquence
moyenne des mutations subies par l'ADN, est incertaine,
ajoutent-ils.
Enfin, d'autres arguent que si des centaines
de milliers de baleines sont vraiment disparues des
océans en quelques siècles une période
très courte, à l'échelle de l'évolution
cela devrait avoir eu un impact mesurable sur le reste
de la chaîne alimentaire sous-marine. De quoi
alimenter d'autres recherches dans les prochaines années...
Mais si les chiffres sont exacts, alors
tous ceux qui se battent pour que soit prolongé
l'embargo de 1986 sur la chasse commerciale à
la baleine viennent d'obtenir un argument en béton.
En fait, si les chiffres sont exacts, le moratoire devrait
être prolongé pendant... 50 à 100
ans! On comprend les partisans d'une reprise de la chasse
d'être un tantinet inquiets...
Depuis deux ans, plusieurs pays, menés
par le Japon, militent en effet pour une annulation
du moratoire. Ils s'appuient notamment sur des rapports
de biologistes qui témoignent que la population
de baleines a commencé récemment à
reprendre du poil de la bête. Ce qui est exact,
écrit dans la revue Science
le généticien Stephen Palumbi, de l'Université
Stanford: mais cette population, dit-il, a encore bien
du chemin à faire avant d'avoir atteint le niveau
d'il y a quelques siècles...