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semaine du 30 juin 2003



Embryons à deux sexes en laboratoire

Le fait qu'une chose soit faisable ne signifie pas qu'on doive la faire. C'est ce qu'ont déclaré à la quasi-unanimité les scientifiques outrés d'apprendre qu'un laboratoire avait créé des embryons humains de trois jours qui sont à la fois mâle et femelle..

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A l'âge de trois jours, un embryon n'a pas encore d'organes sexuels. Mais il contient déjà le matériel génétique nécessaire pour devenir homme ou femme. Or, ce qu'ont fait l'Américain Norbert Gleicher et ses collègues du Centre de reproduction humaine à New York, c'est insérer dans 21 embryons femelles une, deux ou trois cellules mâles. Le développement des embryons a ensuite été observé jusqu'au stade suivant (blastocyste), soit jusqu'au 5e ou 6e jour (12 des 21 se sont développés normalement), avant que les 21 ne soient détruits.

Le travail, présenté à Madrid dans le cadre du congrès annuel de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie, a été qualifié de révoltant et d'irresponsable, aussi bien par les scientifiques que par les groupes pro-vie.

Le but, assure Gleicher, n'était pas de créer un être hybride -une chimère, en langage scientifique- mais d'expérimenter une nouvelle voie pour la thérapie génique –cette thérapie qui consisterait, en théorie, à insérer un gène étranger chez un patient souffrant d'une maladie d'origine génétique. Toujours en théorie, selon Gleicher, ce patient pourrait être un embryon: on pourrait lui insérer un gène sain afin de corriger, avant la naissance, un défaut génétique.

Possible. Mais alors pourquoi avoir fait ce choix singulier de cellules sexuelles? Un choix "complètement erroné" commente par exemple, depuis l'Australie, Alan Trounson, spécialiste de la fertilisation in vitro. "Vous ne pouvez pas avoir la moitié de la maladie d'Huntington." Un tel embryon gars-filles n'existe que très rarement dans la nature, renchérit dans le New Scientist Lynn Fraser: quoi que ce soit que puisse nous apprendre cette expérience, c'est donc très limité.

Et le congrès de la Société européenne de reproduction humaine est décidément un lieu qui en dit long sur ce à quoi pensent –ou ne pensent pas– certains scientifiques quand ils jonglent ainsi avec les frontières de la science. Une autre étude présentée à ce congrès, en provenance d'Israël, a révélé que des tissus d'ovules provenant d'embryons avortés pourraient éventuellement servir à fournir des ovules de rechange en vue de fertilisations in vitro. Ce qui a poussé le quotidien sensationnaliste britannique The Sun à titrer: "Votre mère était un bébé avorté."

C'est l'absence de normes internationales dans ce secteur qui est une fois encore en cause, écrit le plus sérieux quotidien britannique The Guardian. Certains pays, comme la Grande-Bretagne, se sont dotés de normes très strictes, d'autres, comme les États-Unis n'en ont que très peu (la France est entre les deux; elle interdit depuis 1994 toute recherche sur des embryons, mais il subsiste un flou sur l'usage des embryons avortés). Avec pour résultat qu'aux États-Unis, avec beaucoup d'argent, on peut tout faire.

Paul Serhal, directeur de l'Unité de conception assistée au Collège universitaire de Londres, aimerait bien voir une levée de boucliers de la part de ses collègues experts de la reproduction, parce que leur spécialité fait à présent face à une question lancinante: "comment empêcherons-nous les gens de faire des choses monstrueuses?"

Mais "le pays que vous avez le plus besoin de réglementer est également celui qui est le moins susceptible d'accepter une réglementation: les États-Unis", dénonce, toujours dans The Guardian, l'expert en fertilité Robert Winston, de l'Hôpital Hammersmith à Londres. La perspective d'un bébé né d'un ovule tiré d'un foetus avorté serait inacceptable aux yeux des autorités britanniques; mais si cette technique était aujourd'hui au point, il se trouverait nécessairement des cliniques, quelque part dans le monde, qui accepteraient de l'offrir.

La seule façon d'y mettre un frein serait d'avoir un organisme international qui règlementerait, ou à tout le moins surveillerait, les nouvelles technologies de la reproduction. "Quand vous savez qu'il y a quelqu'un qui regarde par-dessus votre épaule, vous y pensez à deux fois", résume Paul Serhal. Mais avant de voir naître un tel organisme, on aura eu le temps de voir naître bien d'autres choses bizarres, et les congrès des Sociétés de reproduction humaine auront été le théâtre d'autres annonces plus bizarres encore...


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