
Le 15 avril 2004

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La cartographie de la dépression
(Agence Science-Presse) - Depuis
trois ans, les héritiers du Projet génome
humain sont nombreux: décodage de la carte des protéines,
de la carte haplotyte et autres nébuleux programmes.
Mais en voici un qui s'en va dans une direction inattendue:
la cartographie des gènes de la dépression.
Et il s'agit là aussi d'un projet
international. Un projet qualifié de "massif", qui
a été lancé, sous le nom de NEWMOOD
("nouvelle humeur") au début du mois lors du congrès
annuel sur le génome humain à Berlin.
Si les ambitions pratiques du Projet
génome humain le projet visant à cartographier
nos gènes étaient plus lointaines ce
n'est pas tout de cartographier les gènes un par
un, encore faut-il savoir à quoi ils servent
ce projet-ci est, dès son ouverture, ancré
dans la réalité des... compagnies pharmaceutiques.
"Nous devons trouver de nouvelles molécules
qui sont impliquées dans la dépression, de
sorte que de nouveaux traitements puissent être développés",
a expliqué aux journalistes le directeur du projet,
le Britannique Bill Deakin, de l'Université de Manchester.
"Les antidépresseurs, déplore-t-il,
n'ont pas beaucoup changé depuis 30 ans."
De fait, tous ces médicaments
poursuivent le même but depuis les années 1970:
donner un coup de fouet à la production de sérotonine
dans notre cerveau, laquelle contribue à des humeurs
plus agréables. Mais ce traitement rencontre souvent
ses limites. Il peut prendre des semaines avant de faire
effet, lorsqu'il fait effet: environ la moitié des
patients y sont imperméables. Et même quand
ça marche, les effets du médicament risquent
de s'estomper au fil des ans, obligeant à augmenter
la dose, ou à changer de médicament.
Les scientifiques associés à
NEWMOOD commenceront par rechercher chez la souris, le rat
et l'humain les gènes qui peuvent être associés
à la dépression. Car les rongeurs en souffrent
bel et bien, eux aussi: un stress prolongé peut induire
l'équivalent d'une dépression; l'animal perd
tout sens du plaisir avec ses jouets, ses compagnons ou
sa nourriture, abandonne rapidement une tâche trop
difficile, etc.
Généticiens et autres
biologistes ne partent pas de zéro: des séquences
génétiques associés à ces troubles
sont déjà identifiées, mais il leur
reste pas mal de chemin à faire. "Nous nous attendons
à toute une série de gènes, explique
Deakin dans la revue Nature. Les chercheurs testeront
les effets des gènes qu'ils découvriront en
altérant leur activité chez des souris modifiées
génétiquement" et ainsi, petit à petit,
en viendront à "bâtir" des lignées de
souris ou de rats constituant de meilleurs modèles
pour d'éventuels médicaments.
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