C'est
donc, et de loin, le
plus ancien chat "domestique".
Et même s'il lui
aurait fallu plusieurs
millénaires de
plus pour concurrencer
le chien, ça
n'en est pas moins un
immense coup de vieux
pour le chat. De toute
évidence, ses
ancêtres cheminent
avec l'humain depuis
beaucoup plus longtemps
qu'on ne le pensait.
C'est
à des chercheurs
français qu'on
doit cette découverte,
dans une tombe chypriote,
le tout publié
dans la revue américaine
Science.
Il y a
9500 ans: cela nous
renvoie donc à
cette époque
que les archéologues
appellent le néolithique,
ou âge de la pierre
moderne. Autrement dit,
l'humain n'avait pas
encore domestiqué
le métal, il
commençait tout
juste, au Proche-Orient,
à tâter
de l'agriculture, et
en Europe, il émergeait
à peine de la
dernière grande
glaciation. Le village
de Shillourokambos,
sur l'île méditerranéenne
de Chypre, où
a eu lieu cette fouille,
a été
habité du neuvième
au huitième millénaire
avant JC.
Évidemment,
rien ne permet d'affirmer
hors de tout doute que
ce chat ait vraiment
été domestiqué.
Mais le fait d'avoir
été enterré
dans la même tombe
qu'un humain suggère
qu'un lien avait été
créé entre
ces deux bestioles,
a maintes fois expliqué
aux journalistes Jean
Guilaine, du Centre
d'anthropologie, au
CNRS de Toulouse.
Le
squelette complet de
ce chat a été
en effet retrouvé
à 40 cm de celui
de l'humain; l'état
de préservation
identique et les positions
des squelettes démontrent
qu'ils ont été
enterrés ensemble.
La corpulence
du chat le fait ressembler
davantage au chat sauvage
africain (Felis silvestris
lybica), plus massif
que le chat domestique
actuel. Et à
la connaissance des
archéologues,
il n'y a jamais eu de
chats indigènes
sur l'île de Chypre:
il aurait donc été
"importé" par
nos ancêtres.
L'humain
avait environ 30 ans;
on ignore son sexe.
Il était accompagné
de pierres polies, de
lances, et de pigment
ocre. Des présents
qui suggèrent
un statut social élevé.
La présence du
chat suggère-t-elle
aussi un statut social
élevé,
ou juste une belle relation?
C'est malheureusement
l'hypothèse du
meurtre rituel du chat
qui l'emporte: il n'avait
que huit mois.
Chose
certaine, à présent
qu'on sait qu'il y en
avait un, on peut présumer
qu'il y avait plusieurs
chats à partager
la vie des humains d'alors.
Il y a 9500 ans, nos
ancêtres, au Proche-Orient,
commençaient
à tâter
de l'agriculture. Or,
qui dit agriculture
dit entreposage de grains.
Qui dit entreposage
de grains dit souris.
Qui dit souris dit peut-être
chats.
"Si cette
hypothèse est
exacte, appuie le co-auteur
Jean-Denis Vigne, du
Musée national
d'histoire naturelle
de Paris, les
chats auraient pu être
attirés dans
les villages dès
qu'il y a eu des souris.
Ces souris étaient
présentes au
Proche-Orient il y a
12 000 ans."
Jusqu'ici,
les plus anciennes traces
connues du chat dans
notre culture étaient
sous la forme de statues
égyptiennes et
de chats momifiés,
les plus anciens datant
d'il y a environ 4000
ans. Mais pour en arriver
à une telle adoration
chez les Egyptiens,
la logique veut que
chats et humains se
soient auparavant côtoyés
pendant de nombreux
siècles.