
Le 17 août 2004

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Le sous-sol où nul n'est jamais allé
creuser
(Agence Science-Presse) - Une équipe
internationale de 200 personnes est en route pour le Grand
Nord canadien. Le Très Grand Nord: là où
il n'y a plus ni terres, ni habitants. Rien qu'une mer de
glace... et un très intéressant sous-sol.
On l'appelle l'expédition Carotte arctique
carotte étant ce nom que les scientifiques
donnent aux longues "carottes" de terres et de roches qu'ils
extraient du sol, et qui leur permettent d'en apprendre
un peu plus sur notre passé. Plus on creuse profond,
plus on "voit" loin dans le passé.
Dans ce cas-ci toutefois, ce n'est pas de
n'importe quelle carotte de terre qu'il s'agit. Mais d'une
carotte extraite du sous-sol marin, là où
nul n'est jamais allé creuser.
Le tout s'inscrit dans un programme aussi
énorme que méconnu qui s'appelait, jusqu'à
récemment, le Ocean Drilling Program. Depuis
20 ans, ce programme a ramené à la surface
des tonnes de cailloux et de sédiments venues de
presque toutes les mers du monde. Elles ont fourni des informations
inédites sur les climats passés, l'évolution
du champ magnétique terrestre, la géologie,
la naissance de l'Himalaya ou la preuve d'une chute de météorite,
il y a 65 millions d'années -celle qui a mis fin
à la carrière des dinosaures.
Depuis le 1er octobre
2003, le programme, revu et amélioré, qui
regroupe les Etats-Unis, le Japon et l'Union européenne,
s'appelle le Integrated Ocean Drilling Program (IODP),
et sa toute première mission d'importance, c'est
d'aller là où ses prédécesseurs
n'ont jamais pu aller: en
plein coeur de l'océan Arctique.
Trois brise-glaces ont quitté le 8
août un port norvégien et sont depuis le 14
août à pied d'oeuvre, au-dessus de la Faille
Lomonosov, une faille de 1500 km qui, à 800 mètres
de profondeur, court entre la Sibérie et le Groenland.
Leur expédition, qui ne bénéficie que
d'une "fenêtre" d'un mois avant que l'hiver ne reprenne
le dessus, ne constitue qu'un ballon d'essai: creuser à
500 mètres de profondeur tout en essayant de
maintenir le navire le plus stable possible ce qui, dans
une mer de glaces en perpétuel mouvement (l'un des
navires creuse, les autres tentent d'écarter les
glaces), balayé par des vents polaires, est tout
sauf facile.
Mais si cette première expédition
réussit, le programme IODP prévoit, au cours
de la prochaine décennie, être capable de creuser
jusqu'à sept kilomètres de profondeur: l'équivalent
de 50 millions d'années de sédiments accumulés
au fond des mers. Assez pour reconstituer l'histoire de
l'océan Arctique et à travers lui, celle
des climats de notre si fragile planète.
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