
Le 17 mai 2004

Retour
au sommaire des capsules
Maman, accouche!
(Agence Science-Presse) - Comment une femme
enceinte sait-elle qu'il est temps d'accoucher? Les mères
auront de la difficulté à le croire, mais
il s'agit là d'une énigme pour les biologistes!
La perte des eaux n'est en effet que la conséquence
la plus visible: bien avant cela, des signaux chimiques
sont échangés entre la mère et le foetus.
Pourquoi ces signaux prennent-ils à l'occasion de
l'avance provoquant du coup des naissances prématurées?
Au cours des dernières années, de nombreuses
pièces du casse-tête se sont mises en place
-mais les scientifiques estiment en avoir pour au moins
cinq ans encore.
L'un de ces signaux a été récemment
identifié chez des souris: une protéine, appelée
SP-A, émise par le foetus. Cette protéine
était déjà connue: elle protège
les poumons des nouveau-nés contre les infections.
Or, les chercheurs de l'Université Texas Southwestern
ont constaté que la quantité de cette protéine
dans le fluide amniotique se mettait soudain à grimper
dans les deux derniers jours (sur 19) de la gestation des
souris. Sachant que le petit aura besoin de respirer par
lui-même une fois sorti du ventre de sa maman, il
semble logique qu'une protection anti-bactérienne
se mette en place juste à ce moment.
Mais ce n'est pas le seul signal, résumait
plus tôt ce mois-ci la revue Science.
La progestérone est produite en abondance par le
placenta pendant la grossesse; l'oestrogène prend
le relais peu avant l'accouchement, provoquant l'excitation
du muscle utérin. Mais qu'est-ce qui permet à
l'oestrogène de "savoir" qu'il est temps de prendre
le relais? Au milieu des années 90, une équipe
australienne a identifié une hormone produite par
le placenta, la CRH, qui augmente de façon prévisible
tout au long de la grossesse; l'atteinte d'un certain niveau
de CRH pourrait être le signal attendu par l'oestrogène.
En avril, l'endocrinologue John Challis, de l'Université
de Toronto, a conclu, à partir d'expériences
sur des brebis, qu'un régime alimentaire déficient
pourrait accélérer la montée de CRH.
La moitié de ces brebis ont accouché prématurément.
Les tests actuellement utilisés pour
mesurer le niveau de CRH à partir du 4e
ou 5e mois sont encore trop encombrants pour
être utilisés en clinique.
Quant aux inflammations (voir
texte précédent) souvent constatées
par les médecins au moment de l'accouchement ou juste
avant, elles sont sûrement elles aussi un signal,
mais de quoi? Infections bactériennes, réactions
allergiques, contraction du muscle utérin, tous ces
facteurs sont liés à ces inflammations. S'agit-il
d'une réaction de défense normale du corps
ou d'un signal d'alarme?
Le fait de mieux comprendre tous ces échanges
de signaux chimiques permettrait en théorie de prévenir
les naissances prématurées (6 à 10%
des grossesses). L'espoir des médecins est de pouvoir
en tirer des médicaments capables d'interrompre les
contractions trop hâtives (avant la 37e
semaine), puisque les seuls produits connus, appelés
tocolytiques, ne sont pour l'instant efficaces que pendant
48 heures.
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|