
Le 19 mai 2004

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Un gène peut-il être mort?
(Agence Science-Presse) - On les appelle les
séquences génétiques mortes. Ou dormantes.
Ce sont celles qui ne servent à rien. Ou du moins,
on croyait qu'elles ne servaient à rien.
Car leur rôle est vital, affirment à
présent des généticiens californiens
et s'ils ont raison, certains de leurs collègues
en rougiront de honte: tout au long du décodage du
génome humain, les "décodeurs" sont passés
par-dessus, ne les prenant même pas en compte dans
le séquençage final. Ces groupes de gènes
ont été tour à tour décrits
comme inutiles, redondants, obsolètes, notamment
parce qu'ils ne génèrent plus de protéines.
Cela signifie qu'ils ont été utiles à
un moment donné de l'évolution, il y a des
dizaines ou des centaines de millions d'années, mais
qu'à présent, ils sont de vieux déchets
qui traînent dans notre bagage génétique.
La surprise est donc de taille: au terme d'une
analyse comparative des génomes de l'humain, de la
souris et du rat, publiée récemment dans l'édition
en ligne de la revue américaine Science. David
Haussler, de l'Université de Californie à
Santa Cruz et son équipe, ont découvert que
480 de ces régions "inutiles" sont complètement
identiques chez les trois espèces. En général,
les séquences équivalentes sont identiques
à 85%, et c'est déjà beaucoup. Une
similitude de 100%, c'est phénoménal, et il
est difficile de croire qu'il s'agisse là de gènes
complètement inutiles: pourquoi,
s'ils ne servaient à rien, seraient-ils demeurés
tels quels depuis des centaines de millions d'années?
On retrouve ces mêmes séquences
génétiques chez le chien, le poulet et certains
poissons, mais pas chez les mollusques et les mouches à
fruit. Les deux derniers sont des invertébrés,
tous les autres, l'humain y compris, sont des vertébrés,
ce qui signifie qu'ils partagent un ancêtre commun,
vieux d'environ 400 millions d'années.
Et si ces gènes contrôlaient
l'activité des autres gènes? C'est à
présent le scénario le plus probable, avancent
Haussler et ses collègues, et l'emplacement de ces
gènes "inutiles" donnerait apparemment du poids à
ce scénario. Dans tous les cas, il est à prévoir
que de négligés qu'ils étaient, ces
gènes dormants vont soudain obtenir des fonds de
recherche inespérés...
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