
Le 26 janvier 2004

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Polio: on reprend les mêmes et on recommence
(Agence Science-Presse) - La polio aurait
pu être la deuxième maladie éradiquée
de la surface de la Terre, après la variole, si la
volonté avait été là. Mais le
plan mondial de vaccination anti-polio, arrivé sur
ses derniers kilomètres, a considérablement
ralenti, avec pour résultat qu'aujourd'hui, dans
les régions où cette maladie sévit
encore, les efforts doivent reprendre encore et encore...
et se confronter davantage à la bêtise humaine
qu'au virus.
On
en a en effet parlé dans cette page il y a quelques
mois: à l'automne 2003, un plan massif de vaccination
des enfants, en Afrique de l'Ouest, a été
perturbé parce que des chefs religieux ont refusé
de l'autoriser, alléguant que le vaccin pouvait donner
le sida, le cancer et la stérilité.
A présent, l'Organisation mondiale
de la santé est en train de mettre sur pied un autre
plan massif: 250 millions d'enfants de moins de 5 ans seraient
visés en 2004, dans six pays (Nigeria, Niger, Egypte,
Inde, Pakistan et Afghanistan). Les ministres de la Santé
de ces six pays, les six derniers où des cas de polio
ont été signalés ces dernières
années, ont signé une déclaration commune
par laquelle ils s'engagent à donner leur soutien
à la campagne de vaccination. Si cela réussit,
la planète sera vraisemblablement libérée
une fois pour toutes de cette maladie infectieuse qui entraîne
la paralysie ou la mort.
Mais rien dans le plan ne dit comment les
médecins et autres aides-soignants parviendront à
passer par-dessus la tête de la religion et de la
bêtise. Et les gouvernements centraux ont souvent
peu de pouvoirs face aux autorités locales qui, l'an
dernier, ne voulaient rien savoir de ces vaccins "étrangers".
Or, pendant que la vaccination stagne dans
ces régions, en particulier la région de Kano,
au Nigeria, le virus commence à s'étendre
dans des régions voisines -au Tchad, au Ghana et
au Togo, par exemple- dont certaines qui avaient été
déclarées "libérées" de la polio.
Autrement dit, plus on retarde l'éradication
des dernières poches de résistance de la polio,
et plus le virus risque de s'étendre ailleurs, y
compris dans des régions où on a jugé
qu'il n'était plus nécessaire de vacciner.
"Nous travaillerons de concert -gouvernements
fédéraux et d'Etat, chefs religieux et traditionnels,
chrétiens et musulmans, pour atteindre chaque enfant",
assure Eyitayo Lambo, ministre de la Santé du Nigeria.
Il n'y a pas de remède contre le virus
de la polio, qui s'attaque surtout aux enfants, par l'intermédiaire
d'eau contaminée ou à cause d'une mauvaise
hygiène. Seule la vaccination permet de prévenir
le mal. Depuis le lancement de l'Initiative globale d'éradication
de la polio, en 1988, quelque deux milliards d'enfants à
travers le monde ont été vaccinés,
nécessitant l'implication de quelque 20 millions
de médecins, infirmières et bénévoles.
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