
Le 29 décembre
2004

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Les séismes restent désespérément
imprévisibles
(Agence Science-Presse) - Les géologues
étudient depuis des décennies les zones de
séismes à risque, et la zone au large de Sumatra
ne faisait pas exception. Ils ont dépensé
plus d'un milliard de dollars dans des instruments installés
sur des failles tectoniques similaires, au Japon et en Californie.
Et pourtant, personne n'aurait pu prévoir le séisme
catastrophique survenu au large de Sumatra au lendemain
de Noël.
Savoir où vont se produire les tremblements
de terre est une chose. Les prévoir en est une autre.
Les plaques tectoniques sur lesquelles reposent nos continents
et nos océans sont connues et leurs mouvements, catalogués.
Mais ces plaques reposent elles-mêmes sur du magma
de la roche rendue liquide par la très haute
température dont les mouvements s'étendent
à des profondeurs insoupçonnées, en
fonction de forces dont on ne connaît presque rien.
Au mieux, les géologues et les séismologues
peuvent bâtir des tables de probabilités: un
tremblement de terre de telle force se produira dans telle
région d'ici 10 à 30 ans. Des tables qui
sont bâties en fonction des connaissances géologiques,
mais surtout historiques: on recule dans le temps, et on
regarde à quels intervalles sont survenus des séismes
dans cette région. On en dégage donc des moyennes,
elles-mêmes très incertaines.
Ces moyennes peuvent certes être utiles
lorsqu'il s'agit de décider à quel endroit
construire un barrage, ou quelles mesures de sécurité
il faudrait appliquer à des édifices. Et encore
ces mesures de sécurité sont-elles rarement
appliquées dans les pays plus pauvres, comme on a
pu le constater à Bam, en Iran, lors du tremblement
de terre dévastateur de cette année.
Dans le cas de Sumatra, les travaux de la
dernière décennie ont permis d'évaluer
une moyenne de 230 ans. Autrement dit, des séismes
majeurs se
produisent en moyenne tous les 230 ans dans cette région.
Il y en a eu un en 1797 dont la magnitude était de
8,2 à l'échelle de Richter, et un autre en
1833 dont la magnitude était d'au moins 8,7. Il y
en a eu d'autres, qu'on ne peut deviner que par les dégâts
causés par les tsunamis sur les coraux, dans les
années 1500 et d'autres encore dans les années
1300.
Bref, ces séismes semblent revenir
par groupes de deux ou plus, après quoi il n'y a
plus rien pendant près de deux siècles. Serions-nous
au début d'un autre cycle? Le tremblement de terre
d'une magnitude de 7 survenu à Singapour en juin
2000, et celui de 7,4 survenu en 2002 sous l'île Simeulue,
au Nord-Ouest de Sumatra, seraient-ils les signes avant-coureurs
du séisme de cette semaine? Et faut-il s'attendre
à ce qu'il y en ait au moins un autre, tout aussi
catastrophique, dans le prochain quart de siècles,
avant que tout redevienne calme jusqu'aux années
2200?
Personne ne peut répondre à
ces questions, ce qui rappelle, si besoin était,
la profondeur de notre ignorance sur les événements
qui se passent en permanence, sous nos pieds, entre la surface
rassurante de notre planète et son coeur agité.
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