
Le 29 juin 2004

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Le sida: Asie, dernière frontière
(Agence Science-Presse) - Après avoir
submergé l'Afrique, le sida commence à tétaniser
l'Asie. Des taux de prévalence qui bondissent, en
six mois, de 0 à 50% chez des utilisateurs de seringues,
des chiffres impossibles à comptabiliser dans une
industrie du sexe en pleine explosion, et des totaux qui
franchissent un seuil du million après l'autre: 4,
5, 6, 7...
D'ici 2010, selon une estimation de l'OMS,
l'Asie comptera davantage de gens infectés par le
VIH que l'Afrique, avec ses 30 millions.
Mais il y a un revers optimiste à la
médaille: ces chiffres sont inquiétants à
cause de la taille de la population asiatique, mais leur
croissance sont de beaucoup inférieurs à ceux
de la tragédie africaine. Dans ces derniers pays,
on a souvent vu des proportions hallucinantes de gens infectés:
20%, 25% voire 30%... En Asie, on parle de 4% au Cambodge,
et c'est le pourcentage le plus inquiétant que l'OMS
ait pu trouver. Peu de cliniques pré-natales ont
observé un taux supérieur à 1%; en
comparaison, en Afrique du Sud, en 2002, 26,5% des femmes
étaient infectées par le VIH.
Bref, l'épidémie ne se propage
pas du tout de la même façon sur les deux continents,
et les experts interrogés par la revue Science
semblent convaincus qu'il continuera d'en être ainsi
dans les années à venir.
Il a pourtant fallu longtemps pour s'en apercevoir,
déplore Elizabeth Pisani, épidémiologiste
à l'organisme Family Health International, basé
à Djakarta (Indonésie). "L'obsession d'une
épidémie généralisée
a nui aux efforts pour comprendre les véritables
tendances épidémiologiques." Or, "en Asie,
nous pouvons sauver des dizaines de milliers de vies et
éviter beaucoup de drames si nous avons le courage
de porter nos interventions là où il le faut".
En général, les experts, statistiques
en main, savent déjà où sont les zones
et les clientèles à risque (utilisateurs de
drogues par seringues, prostituées, gay, tous ayant
en commun d'être ostracisés par leurs sociétés):
dès 1998, un épidémiologiste de l'Université
de Californie, James Chin, estimait que le taux de prévalence
du VIH-sida dans la population sexuellement active de la
plupart de ces pays ne dépasserait pas 0,5%. Pendant
les années qui ont suivi, on n'en a pas moins dépensé
d'énormes sommes pour tenter d'informer et de rejoindre
tout le monde en même temps.
Plus récemment, on s'est aperçu
qu'en Asie du Sud-Est, l'augmentation du nombre de cas suivait
la progression de la "route de l'héroïne". Et
que la maladie croît très peu du côté
de la population hétérosexuelle.
L'Asiatique moyen aurait-il moins de partenaires
sexuels que l'Africain moyen? C'est ce que suggère
l'Organisation des Nations Unies pour le sida, encore qu'elle
ne s'appuie que sur des études comportementales,
non sur des analyses statistiques. Par contre, un autre
fait ressort, plus nettement celui-là: beaucoup d'études
africaines rapportent le phénomène de ces
hommes âgés qui ont une relation sexuelle avec
de très jeunes femmes, lesquelles deviennent ainsi
infectées et répandent le virus chez des hommes
de leur propre génération. En Asie, selon
Pisani, rien n'indique que ce phénomène "inter-générationnel"
soit répandu.
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