Le portrait semblait pourtant
clair: des débris microscopiques
amalgamés les uns aux autres,
dans un environnement de glace, le tout
formant un genre de boule de neige géante,
tournant autour du Soleil depuis 4 milliards
et demi d'années. Tel était
le consensus qui s'était dégagé
sur les comètes. La sonde Stardust,
qui s'est approché le
2 janvier dernier à 236 km
de la comète Wild 2, remet ce
portrait en question.
Elle est toujours une
boule de glace, mais elle contient une
proportion pas mal plus élevée
de "solide" poussières
et cailloux à en juger
par les photos qui montrent ce qui ressemble
singulièrement à des impacts
de cratère. Une collision avec
une mini-météorite aurait
en effet fait éclater une simple
boule de neige, aussi sale soit-elle.
Il faut donc qu'il y ait, au milieu
de cette glace, un noyau substantiellement
plus solide bref, plus rocheux
qu'on ne l'avait cru.
Cela vaut à la
comète Wild 2, en dépit
de ses modestes cinq kilomètres
de diamètre, pas moins de quatre
articles pondus
par
autant d'équipes de recherches,
ainsi que deux analyses complémentaires,
dans la revue américaine Science.
"Cela va assurément enflammer
les débats sur la structure cométaire",
suggère Harold A. Weaver, de
l'Université Johns Hopkins (Maryland),
auteur d'une des analyses.
Il n'y a pas que la composition
roche-glace qui soit remise en question:
comme Science-Presse le mentionnait
il y a quelques semaines dans cette
page, Wild 2 est bien plus active qu'on
ne le croyait. Tellement active, en
fait, qu'elle aurait pu réduire
la sonde Stardust, lors de son passage,
en une autre boule de poussière.
Par "active", on fait référence
à ces jets de poussière
et de glace qui s'échappent d'une
comète lorsque celle-ci se réchauffe
en approchant du Soleil. Les experts
s'entendaient pour dire que sur une
comète de la taille de Wild 2,
il ne devait y avoir qu'un ou deux jets
en même temps; Stardust en a compté
20!
Enfin, il y a la chimie.
Un des instruments à bord de
Stardust, le Cometary and Interstellar
Dust Analyzer, a détecté
les longueurs d'ondes de 29 composés
chimiques différents dans la
queue de la comète: une domination
de matériaux organiques et riches
en azote, complètement différente
des spectres chimiques de particules
de poussière analysées
par ce même instrument pendant
son voyage vers la comète. Pas
d'acides aminés toutefois, souligne
l'une des études, celui qui,
parmi les "matériaux organiques"
est fondamental à l'émergence
de la vie.
Les plus grosses surprises
sont peut-être à venir:
la raison première de la mission
Stardust était de ramasser de
la "poussière de comète"
lors de son passage, ce qu'elle a fait:
Anthony Tuzzolino, de l'Institut Enrico
Fermi à l'Université de
Chicago, estime que Stardust a capturé
3000 particules de poussière,
la plus grande faisant environ 50 millièmes
de millimètre de large. Ce précieux
chargement devrait arriver sur Terre
en janvier 2006.
Stardust