
Le 2 août 2005

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Je t'échange un gène bleu contre un gène
blanc
(Agence Science-Presse) - La carte génétique
d'un être vivant constitue ce qui le définit
par excellence. Vrai ou faux? Vrai. Mais alors, comment
expliquer ces gènes qui "sautent" d'un virus à
un autre?
On savait depuis longtemps que de telles choses
se produisaient à l'occasion, sans quoi il n'y aurait
jamais de nouvelles maladies contagieuses. Ou encore que
des mutations mineures se produisaient de saison en saison.
Mais il y a environ trois ans, les scientifiques ont commencé
à prendre pour acquis que cette réalité
était plus fréquente qu'ils ne le croyaient
et depuis, de nouvelles percées ne cessent de complexifier
le tableau. Il y a bel et bien de nombreux cas où
des virus s'échangent des gènes aussi facilement
que des enfants s'échangeaient jadis des cartes ou
des billes.
Si tel est le cas, cela ajoute aux craintes
qu'un virus d'origine animale le virus de la grippe
aviaire, pour prendre un exemple pas du tout au hasard
n'échange un gène avec un virus humain, rendant
soudain le premier capable de se transmettre d'humain à
humain aussi facilement qu'un banal rhume.
Dans la dernière édition de
la revue américaine Public Library fo Science
/ Biology, une étude de l'évolution des
virus de la grippe révèle combien sont fréquents
ces échanges de gènes: en étudiant
les séquences génétiques de 156 souches
de la grippe qui ont circulé dans l'État de
New York entre 1999 et 2004, les chercheurs ont pu dresser
leur arbre généalogique. Et découvrir
au moins quatre occasions en seulement cinq ans
où un virus a emprunté un gène à
un cousin, à travers une opération appelée
réarrangement.
Pour le biologiste Edward Holmes, de l'Université
d'État de Pennsylvanie, un tel réarrangement
pourrait suffire pour que notre système immunitaire
soit incapable de reconnaître le "nouveau" virus,
même si sa version originale est déjà
passée par là. En fait, c'est ce qui s'est
produit dans un des quatre cas: ce fut la souche Fujian,
qui affecta durement les New-Yorkais pendant l'hiver 2003-2004.
Cette prise de conscience des biologistes
ne rend pas les choses plus dramatiques, mais elle fournit
des outils à ceux qui réclament des fonds
pour suivre à la trace l'évolution des virus
les plus communs. Et il reste en plus à comprendre
quels sont les mécanismes à l'origine de ces
"réarrangements" aussi soudains qu'imprévisibles.
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