Qui sont les signataires de l'anti-Kyoto?
Les États-Unis et l'Australie les
deux seuls pays riches à avoir toujours refusé
de signer Kyoto de même que le
Japon, la Chine, l'Inde et la Corée du Sud ces
trois derniers pays, à l'instar de l'ensemble des
pays en voie en de développement, ne faisaient pas
partie des signataires de Kyoto. On l'appelle le Partenariat
Asie-Pacifique sur le développement propre et le
climat.
Pourquoi la Chine et l'Inde n'étaient-ils pas avec
Kyoto?
Le rêve, il y a une quinzaine d'années,
était de mettre de la pression sur les pays riches,
puisque ce sont eux qui, disait-on, ont les moyens de se
payer des mesures anti-pollution. Sauf qu'avec le temps,
on s'est rendu compte combien il était difficile
de convaincre même les pays riches: le Protocole de
Kyoto a été signé en 1997, mais ce
n'est qu'en 2004 qu'on a atteint le nombre nécessaire
de pays pour qu'il entre en vigueur. Et entretemps, les
pays en voie de développement ont refusé de
s'y joindre.
Qu'est-ce qui différencie les deux traités?
Deux choses.
1) En vertu du Protocole de Kyoto, les
pays signataires doivent avoir réduit, d'ici 2012,
leurs émissions de gaz à effet de serre
à un niveau de 5,2% inférieur à celui
de 1990. Le traité de la semaine dernière,
lui, ne fixe aucun objectif et ne comporte aucune obligation.
2) Le traité de la semaine dernière
propose des investissements (sur une base volontaire)
pour la création de technologies moins polluantes
(par exemple, des centrales au charbon plus efficaces).
Le nouveau traité avait-il été prévu?
Non. Le Partenariat Asie-Pacifique a surgi
de nulle part, à la surprise générale,
la semaine dernière.
S'il ne contient aucune obligation, à quoi sert-il?
A trois choses:
1) à affaiblir Kyoto, dont les
objectifs entrent en contradiction avec la volonté
de croissance économique de ces pays (quatre des
six signataires sont
les plus gros consommateurs de charbon au monde, énergie
polluante par excellence).
2) à calmer l'opposition pro-écologique,
en particulier en Australie et aux Etats-Unis, à
qui leurs gouvernements peuvent désormais dire:
cessez de critiquer, vous voyez bien que nous faisons
quelque chose.
3) à renvoyer aux calendes grecques
la nécessité de discuter d'un
après-Kyoto.
Pourquoi un après-Kyoto?
Parce que l'Accord de Kyoto arrive à
échéance en 2012. C'est donc maintenant qu'il
faut commencer à parler des objectifs qu'il faudra
se donner après 2012. Le Sommet des Nations Unies
sur l'environnement, qui a lieu à Montréal
en novembre, devait entre autres choses ouvrir cette discussion.
Les signataires de Kyoto peuvent-ils
tout de même continuer à aller de l'avant?
Oui. Mais comme, à l'heure actuelle,
peu de ces pays signataires ne semblent capables d'atteindre
leurs objectifs de réduction des gaz à
effet de serre, le Protocole Asie-Pacifique risque
de leur donner envie de ne pas trop insister.
Où en est-on en matière de réduction
de gaz à effet de serre?
À l'échelle mondiale,
nulle part. Dans certains pays signataires de Kyoto,
les émissions ont à ce point augmenté
(plus de 10%, voire 15%) depuis 1990 qu'une réduction
de 5% par rapport au niveau de 1990 est irréaliste:
dans le cas du Canada par exemple, cela signifierait
faire disparaître toutes les automobiles et
tous les camions.
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A
lire aussi:
Entrée
en vigueur du Protocole de Kyoto (février 2004):
et s'il était déjà trop tard?
L'après
Kyoto? Faudrait régler Kyoto d'abord (décembre2004)
Kyoto
: trop peu trop tard (septembre 2004)
Les
verts sont dans un trou noir (2002)
Sommet
de la Terre: le sommet du bla-bla (2002)
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Quant à la Chine et
l'Inde... le nombre de voitures y triple tous les cinq ans!
On comprend mieux leur intérêt pour des mesures
purement volontaires...
Quel impact cela aura-t-il sur le climat?
Personne ne peut le dire avec certitude, mais
les nombreuses prévisions publiées depuis
1990 s'entendent sur une augmentation des températures
plus rapide au cours du prochain siècle. Les prévisions
les plus prudentes parlent d'une hausse de 1 degré
Celsius, les prévisions pessimistes oscillent entre
6 et... 11 degrés!
Plus inquiétant encore est le fait
qu'à partir d'un certain seuil des chercheurs
de l'Université Oxford parlaient
l'an dernier de 2 degrés, mais on ne s'entend
pas là-dessus non plus on aura dépassé
un point de non-retour: on aura dépassé les
400 parties de carbone atmosphérique par million,
seuil à partir duquel le fond des océans,
les tourbières et les marais commenceront à
relâcher leur propre carbone dans l'atmosphère.
Bref, à partir de ce seuil, le réchauffement
commencera à s'accélérer.
Quelle est la prochaine étape?
A Montréal en novembre, aura lieu le
Sommet des Nations Unies sur l'environnement. C'est le 11e
de ces sommets annuels dont le but est de faire le point
sur la recherche scientifique, les intentions des pays et
l'état d'avancement de Kyoto. Ces sommets, depuis
quatre ans (voir Si
cette planète vous tient à cur),
se terminent systématiquement par des constats pessimistes...
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