Retour au sommaire des capsules

(Agence Science-Presse) - Au cours des prochains jours, on entendra plus que jamais parler de Titan, la plus grosse lune de Saturne: demain, 14 janvier, si tout va bien, la sonde européenne Huygens entame sa descente finale.

Q. Pourquoi Titan?

R. Parce que cette lune fascine les astronomes depuis 60 ans: c'est le seul monde, en-dehors de la Terre, qui possède une atmosphère. Ce qui constitue, en soi, une énigme, pour un monde aussi petit: les autres grosses lunes de Jupiter et de Saturne n'ont pas d'atmosphère.

Q. Cette atmosphère est-elle respirable?

R. Non. Elle est composée de méthane, un gaz mortel pour nous, et de carbone. Mais depuis les années 80, une hypothèse a pris forme: l'atmosphère de la Terre, à l'origine, il y a 4 milliards et demi d'années, aurait elle aussi été composée de méthane. L'oxygène n'est venu que beaucoup plus tard, grâce aux plantes.

Q. Titan pourrait donc ressembler à la Terre telle qu'elle était à l'origine?

R. C'est ce qu'espèrent les scientifiques: ils voient dans Titan un modèle réduit de la Terre d'il y a 4 milliards d'années. Mieux encore, un modèle réduit qui aurait été conservé tel quel au congélateur, puisque la température là-bas avoisine en permanence les moins 180 degrés Celsius. On pourrait donc trouver sur Titan, entre autres choses, les composés organiques qui, chez nous, ont été à l'origine de la vie.

Q. Qu'est-ce que Huygens pourra découvrir?

R. La moindre parcelle d'information sera inédite: les observations les plus rapprochées qu'on puisse faire de Titan sont en partie bloquées par un épais écran de nuages. Mais le temps lui sera compté: comme on ignore si elle survivra à l'atterrissage, entre son arrivée dans l'atmosphère et son arrivée sur le sol titanien, freinée par un parachute, il s'écoulera deux heures et demi.

Q. Sur quoi la sonde se concentrera-t-elle pendant ces quelques heures?

R. Sur l'atmosphère, par la force des choses. L'un de ses six appareils, HASI (Huygens Atmosphere Structure Instrument), pourra évaluer la densité de l'air et la force des vents en calculant la vitesse de descente de Huygens. Une fois le parachute ouvert, à 170 km d'altitude, un thermomètre et un microphone entreront en action –puisque là où il y a de l'air, il y a du son.

Un autre appareil, GCMS (Gas chromatograph / mass spectrometer) mesurera la composition de cette atmosphère –avec un peu de chance, c'est lui qui pourrait détecter des molécules organiques. Et si Titan survit à l'atterrissage, le GCMS aura vraisemblablement le temps (deux heures) de mesurer la composition de la surface, solide ou liquide, qui se trouvera alors sous ses pieds.

Q. Surface solide ou liquide?

R. La question est en effet en suspens. Des simulations informatiques ont révélé la possibilité que les hydrocarbures présents dans l'air (éthane, acétylène, propane) retombent en partie sous forme de pluie, créant ainsi des lacs, voire des mers. Si cette hypothèse est juste, il est possible que la mission Huygens s'achève dans un grand "Plouf".

Q. Aurons-nous des images?

R. L'un des six appareils est une caméra capable de prendre des images à la fois normales et aux limites de l'infrarouge –une précaution élémentaire, puisqu'on ignore la densité de la purée de pois. Elle entrera en fonction à 150 km d'altitude, et continuera à mitrailler jusqu'à la surface. À 700 mètres d'altitude, une lampe de 20 watts illuminera le sol.

Q. Saturne est à un milliard et demi de kilomètres. Quelle garantie avons-nous de recevoir ces données?

R. Cassini, la sonde américaine qui a transporté Huygens avec elle depuis 1997 et l'a larguée vers Titan le 25 décembre, a légèrement modifié sa trajectoire pour passer à proximité de Titan à une vitesse légèrement réduite: c'est Cassini qui recevra donc les données émises par Huygens et les relaiera vers la Terre.

En manchette cette semaine:

Qui sera l'Einstein du 21e siècle?

Archives des capsules

Les capsules les plus populaires des 3 derniers mois

Voyez aussi nos nouvelles québécoises