
Le 19 février
2005

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Qui a vraiment peur de la science?
WASHINGTON (Agence Science-Presse) - Les gens
ont peur de la science? Ils craignent comme la peste les
conséquences néfastes des OGM, nanotechnologies,
cellules-souches et compagnie? Oh que non. Plusieurs études
menées sur trois continents révèlent
un optimiste étonnant face aux retombées de
la science. Optimisme béat ou confiance rationnelle?
Dans le cadre du congrès de l'Association
américaine pour l'avancement des sciences, qui avait
lieu en fin de semaine à Washington, ce constat d'un
optimisme transcendant les frontières est revenu
à quelques reprises sur le tapis, alors que plus
d'un atelier fournissait l'occasion de le brandir, comme
si des scientifiques de plusieurs disciplines (l'AAAS est
l'un des rares congrès multidisciplinaires) avaient
voulu se convaincre que ces chiffres étaient bien
réels.
Ainsi, dans le cadre de l'atelier sur Ce
que les gens à travers le monde pensent et connaissent
de la science, les chercheurs d'Europe et d'Amérique
ont tour à tour comparé les perceptions de
leurs compatriotes, pour en ressortir avec plus de similitudes
que de différences.
Par exemple, autant en Grande-Bretagne qu'aux
Etats-Unis, a commencé le Britannique Nick Allum,
de l'Université du Surrey, ceux qui ont l'attitude
la plus positive à l'égard de la science sont
également ceux qui ont le plus de connaissances scientifiques.
Jusque-là, rien d'étonnant. Mais quand on
creuse davantage, on s'aperçoit que même si
la science est loin d'être la matière forte
de la majorité des citoyens, cela ne se traduit pas
pour autant par une attitude globalement négative:
on préfère plutôt, en général,
donner le bénéfice du doute.
- Sur la question des OGM, 27% des Canadiens
et 16% des Américains accepteraient qu'ils soient
distribués sans réglementation.
- Du côté des nanotechnologies:
43% des Canadiens et 35% des Américains les approuveraient
sans réglementation.
- Quant aux cellules-souches: 41% des Canadiens
et 36% des Américains ouvriraient toute grande
la porte à la recherche sans réglementation.
Ces chiffres proviennent d'une étude récente
présentée par Edna Einsiedel, de l'Université
de Calgary.
Quand on ajoute l'Europe au tableau, grâce
à l'Eurobaromètre 2002, un état
des perceptions et des connaissances scientifiques des Européens,
on arrive à des chiffres similaires. L'Européen
moyen est un peu plus prudent que l'Américain moyen,
et le Canadien se situe entre les deux.
Quel effet auront les nanotechnologies?
|
USA
|
Canada
|
Europe
|
Ne sait pas
|
35
|
43
|
53
|
Amélioreront la qualité de vie
|
46
|
39
|
29
|
Pour George Caskell, de la London School of
Economics, et chercheur impliqué dans l'Eurobaromètre,
"les résultats sont intriguants", mais peuvent s'expliquer
après coup: beaucoup de ceux qui sont optimistes
(ou pessimistes) à l'égard d'une technologie,
le sont généralement à l'égard
des autres; parmi ceux qui sont plus sélectifs, le
fait que l'optimisme à l'égard d'une nouveauté
(OGM ou nanotechnologies) augmente ou diminue est déterminé
par la façon dont cette nouveauté va s'intégrer
dans les valeurs des gens.
Ceci dit, ces enquêtes révèlent
aussi des différences de perceptions entre les pays.
Mais lorsque c'est le cas, elles sont révélatrices
d'une réalité sociale plus large. Ainsi, en
comparant les Américains avec les résidents
de quatre pays d'Asie (dont la Chine et le Japon), Jongwon
Park, analyste chez SRI International, constate que sur
les 14 questions évaluant les connaissances, les
Américains réussissent généralement
mieux. Il n'y a qu'un seul cas où ils sont très
loin derrière: l'évolution. En d'autres termes,
les Asiatiques sont systématiquement plus nombreux
à admettre que l'humain ait évolué
à partir d'autres espèces.
Et il y a le cas de l'environnement. Quelque
86% des Américains sont d'accord pour dire que le
réchauffement global est un problème sérieux.
C'est moins que les Coréens avec 95%, et c'est d'ailleurs
la seule thématique dont les Américains semblent
moins friands que les Coréens. Mais c'est tout de
même énorme: si la Maison-Blanche, qui n'était
qu'à quatre kilomètres du congrès de
l'AAAS, suit attentivement celui-ci, elle peut y trouver
des arguments pour modifier sa politique environnementale...
Dernières corrections:
23 février
Pascal Lapointe
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