
Le 20 février
2005

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Arriérés, les biologistes marins?
WASHINGTON (Agence Science-Presse) - S'il
y a une chose qui nuit à la protection des poissons,
c'est la vision étroite... des biologistes. Eux qui
devraient être à l'avant-garde de la conservation
des écosystèmes, ils en sont encore à
braquer leurs lunettes sur un poisson à la fois.
"Le biologiste marin est en retard par rapport
aux autres biologistes", s'insurge Elliott Norse, de l'Institut
de biologie de la conservation marine. La biologie marine
fait certes de grandes choses pour décortiquer le
mode de vie de telle et telle espèce de poisson et
elle tire la sonnette d'alarme sur le déclin des
populations, mais elle oublie d'étudier les interactions
de chacun de ces poissons avec les autres, avec l'environnement,
bref son habitat. "Nous avons beaucoup à apprendre
de ceux qui ont bâti une gestion basée sur
l'écosystème entier nommément,
les biologistes qui ont les deux pieds sur la terre ferme.
Norse était aussi l'un des organisateurs
d'un atelier du congrès de l'Association américaine
pour l'avancement des sciences (AAAS) intitulé La
gestion des écosystèmes marins: leçons
à tirer de la terre. Et l'expert qui intervenait
juste après lui était justement un biologiste
spécialiste des forêts. Il a donc vigoureusement
appuyé les propos de son collègue: "il est
fondamentalement impossible de défendre la biodiversité
des forêts, une espèce à la fois. Si
vous le faites, vous allez perdre", a lancé Jerry
Franklin, de l'Université de Washington.
Pourtant, la "gestion" des écosystèmes
terrestres est loin d'être un succès: les espèces
animales disparaissent à un rythme sans précédent
et les forêts continuent de reculer. Le profane qui
débarquait dans cet atelier du congrès de
l'AAAS ne pouvait donc s'empêcher de frissonner en
apprenant que les biologistes marins seraient, eux, encore
plus en retard...
De fait, explique Elliott Norse, on connaît
beaucoup moins bien les écosystèmes marins:
on est loin d'en avoir identifié toutes les populations
et on a rarement compris ce qui cause le basculement d'un
état à l'autre.
C'est à se demander si les biologistes
marins auront le temps de comprendre et d'intervenir!
avant que les derniers poissons n'aient disparu des océans...
Pascal Lapointe
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