
Le 31 mai 2005

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Grippe aviaire: un vaccin est en route, mais qui va
payer?
(Agence Science-Presse) - Plusieurs laboratoires
à travers le monde travaillent actuellement à
la mise au point d'un vaccin contre la grippe du poulet,
et au moins 10 essais cliniques doivent démarrer
cette année. Mais pour les compagnies pharmaceutiques,
ce n'est pas un domaine rentable, ce qui cause des inquiétudes:
combien de temps resteront-elles dans la course?
Pour compliquer encore plus les choses, il
n'y a pas une seule grippe aviaire qui est sur les écrans
radars des chercheurs, mais deux grippes. La souche H5N1,
la plus célèbre, et la H9N2, candidate numéro
deux à une éventuelle mutation qui pourrait
la faire passer des poulets aux humains. Résultat:
si une pandémie devait éclater, un vaccin
efficace contre l'un des deux virus ne le serait pas nécessairement
chez l'autre.
Mais le problème est de toutes façons
déjà compliqué au départ, puisqu'un
vaccin qui serait actuellement efficace contre le
H5N1 ne le serait pas nécessairement le jour où
celui-ci aurait acquis une mutation le rendant virulent
chez les humains. Là réside le gros problème
des fabricants de vaccins.
Il y a sept mois, le "patron de la grippe"
à l'Organisation mondiale de la santé, Klaus
Stöhr, s'était indigné de ce que les
grandes nations, à ses yeux, étaient "endormies"
tandis que, sous leurs yeux, la menace de la grippe aviaire
continuait de progresser. A ce moment, seulement deux pays
avaient sur leurs tables à dessin des essais cliniques
d'un vaccin. Le fait que, d'ici la fin de l'année,
il puisse y en avoir une dizaine Allemagne, Australie,
Canada, France, Japon, Thaïlande et Vietnam témoigne
que les choses bougent.
Mais le nerf de la guerre reste l'argent.
"Les vaccins contre la grippe ne constituent tout simplement
pas une perspective lucrative pour les compagnies pharmaceutiques",
écrit la revue britannique Nature. Ces compagnies
peuvent dégager de bien plus gros profits avec une
pilule-miracle. C'est sans compter le risque que pose tout
nouveau vaccin: si ce qui a été injecté
dans une personne, rien qu'une, tourne mal, la compagnie
s'expose à une longue poursuite judiciaire et à
de la très mauvaise publicité. Enfin, il y
a le risque que le virus tant craint ne frappe jamais, de
sorte que toutes les installations construites pour la fabrication
en série du vaccin l'auront été en
vain.
D'où les incitatifs gouvernementaux
aides financières et contrats d'achats d'autres
vaccins que les compagnies pharmaceutiques attendent
ou espèrent. D'où la colère d'une partie
de la communauté scientifique -colère relayée
cette semaine par la revue Nature dans son dossier
sur la grippe aviaire- qui voit la recherche d'un vaccin
progresser trop lentement à son goût.
Pendant ce temps, sur le front, les premiers
résultats sont encourageants, rapporte Nature.
On rapporte une bonne réaction du système
immunitaire des "cobayes" humains au vaccin contre le H9N2
lorsqu'il reçoit de l'aide d'un adjuvant: un supplément
chimique dont le travail est de "mousser" la réponse
du système immunitaire au vaccin.
Encore faut-il que les autorités sanitaires
d'un pays autorisent l'usage d'un adjuvant dans le cadre
d'une vaccination contre la grippe, ce qui n'est pas le
cas dans la plupart des cas. Ce qui étire le temps
qui s'écoulera avant la mise en marché d'un
éventuel vaccin. Et les coûts.
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