
Le 4 janvier 2006

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Il a publié et il a péri
(Agence Science-Presse) - C'est à la
mi-janvier que l'on saura si le biologiste coréen
Hwang Woo-suk a tout fraudé, du début à
la fin. Mais même s'il était blanchi en partie,
ce n'est sûrement pas ce que l'Histoire retiendra
de lui.
Comme nous l'écrivions avant Noël (voir
ce texte), le comité d'enquête avait
d'abord conclu que 9 des 11 lignées de cellules-souches
soi-disant clonées, à en croire l'article
paru dans Science en mai 2005, n'existaient pas;
le même comité d'enquête a annoncé
en conférence de presse, le 29 décembre,
qu'il n'y avait aucune preuve non plus quant au clonage
des deux autres lignées: leur ADN ne correspond
pas à l'ADN des patients de qui ces cellules-souches
étaient censées provenir. En d'autres
termes: il y a eu falsification délibérée. |
La
chronologie
des événements
La
section
spéciale de la revue Science
Clonage:
que se passe-t-il en Corée (semaine
du 19 décembre)
|
L'équipe de l'Université nationale
de Séoul a-t-elle réussi, en revanche, le
tout premier clonage de cellules-souches, celui qui avait
été annoncé 15 mois plus tôt,
dans un article paru en février 2004? C'est ce qu'on
saura peut-être la semaine prochaine.
Et les autres signataires?
Mais pendant que le Dr Hwang Woo-suk subit
seul l'opprobe, il est facile d'oublier que 25 personnes
ont apposé leur signature sur ce fameux article de
mai 2005 (dont Gerald Schatten, de l'Université de
Pittsburgh, qui a été, en novembre, le premier
à demander que sa signature soit retirée,
et Roh Il-Sung, de l'Hôpital MizMedi de Séoul,
qui a été le premier à dénoncer
les pratiques douteuses de son collègue).
Certes, une recherche scientifique peut être
parfois très cloisonnée: il est normal que
la plupart des chercheurs n'aient qu'une vue partielle de
l'ensemble du projet. En fait, il n'est pas entièrement
impossible qu'aucun des 25, en-dehors de Hwang, n'ait été
au courant des falsifications; mais à défaut
d'autre chose, cela en dirait long sur leur rigueur.
Quant à l'article de février
2004, il a été co-signé par 15 chercheurs,
y compris Hwang. Compte tenu que certains des chercheurs
ont participé aux deux recherches, cela fait un total
de 32 signatures: toutes ignorantes? Enfin, il y a le cas
du clonage d'un chien, également proclamé
par l'équipe de Séoul, et paru dans Nature
en août 2005, qui est lui aussi visé par l'enquête,
dirigée par la Dr Roe Jung-hye, doyen du Bureau de
la recherche à l'Université nationale de Séoul.
En attendant, la recherche mondiale sur le
clonage de cellules-souches est renvoyée à
la case départ. Aucune autre recherche n'est parvenue
jusqu'ici à cloner des cellules-souches associées
à des patients précis: on n'est donc même
plus sûr que cela soit possible.
Le revers est d'autant plus énorme
que les cellules-souches représentent un domaine
qui jouit, depuis cinq ans, d'une attention médiatique
sans équivalent en biologie, d'investissements énormes
le gouvernement sud-coréen, fierté nationale
oblige, y a versé des milliards de dollars
et qui suscite des espoirs, pour tout dire, démesurés.
La suite au prochain numéro...
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