
Le 6 mars 2006

Retour
au sommaire des capsules
On a pesé l'Antarctique, et il perd du poids
(Agence Science-Presse) - Il y a deux semaines,
le Groenland. Aujourd'hui, l'Antarctique. La calotte glaciaire
y fond plus vite qu'elle ne se renouvelle. Et la calotte
glaciaire qui recouvre l'Antarctique, c'est 90% de la glace
de la planète.
L'Antarctique, c'est un continent immense,
plus grand que l'Australie. Il y a longtemps que les glaciologues
ont constaté que les rebords de la calotte fondent
c'est ce qui explique le détachement spectaculaire
de gigantesques morceaux de la calotte Larsen (voir
ce texte), en 1995 et 2002 mais les chutes de
neige au cur du continent "compensaient" peut-être
pour les pertes. Sur ce dernier point, il y avait débat:
or, pour Isabella Velicogna, de l'Université du Colorado
à Boulder, il n'y a désormais plus matière
à débat. Les relevés effectués
par deux satellites (Gravity Recovery and Climate Experiment)
confirment qu'il y a une perte nette.
Ce que font ces satellites c'est, littéralement,
de "peser" la planète. Plus précisément,
le champ gravitationnel de la Terre: si le premier satellite
passe au-dessus d'une structure possédant une masse
plus importante, cela le conduit à accélérer
légèrement de sorte que la distance avec le
second satellite, qui le suit, s'en trouve accrue. C'est
par les variations, aussi infimes soient-elles, de cette
distance entre les deux compères, que les scientifiques
en arrivent à déduire les variations dans
la masse de telle et telle région: en l'occurrence,
les variations de masse de la calotte glaciaire entre avril
2002 et août 2005.
Ainsi, l'Antarctique aurait perdu pendant
cette période entre 72 et 232 kilomètres cubes
de glace par année. L'équivalent, dans le
scénario du pire, d'une hausse du niveau de tous
les océans de 0,4 millimètre.
Mais entre 72 et 232 kilomètres cubes
de glace, il y a un énorme écart, reconnaissent
les chercheurs dans la revue Science. La raison d'une
aussi importante marge d'erreur, c'est que les satellites
sont incapables de distinguer une masse perdue parce qu'il
a moins neigé d'une masse perdue en raison de variations
dans la croûte terrestre située sous cette
glace. Cela nécessite de complexes équations
mathématiques tenant compte, entre autres, de la
fonte de la glace et de la pression moindre que cela exerce
sur la croûte terrestre.
Mais une chose est sûre, même
en mettant les choses au mieux (72 kilomètres cubes
perdus chaque année), il y a perte nette: l'Antarctique
perd davantage de glace qu'il n'en gagne. Une réalité
qui s'ajoute à celle, similaire, du Groenland.
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|