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semaines du 6 mars 2006



Tu as perdu ton crayon, dit le singe

Altruisme et coopération: des qualités peu utiles dans la nature, où le plus fort l'emporte? Eh bien le chimpanzé se montre au contraire très coopératif, révèlent des expériences de laboratoire un brin insolite.


Remarquez, les amateurs de chiens ne seront pas surpris: les récits d'animaux domestiques qui ont volé au secours d'un humain, au péril de leur propre vie, sont nombreux. De sorte que la possibilité que nos cousins chimpanzés puissent eux aussi accomplir des actes gratuits semblait relever du gros bon sens.

Mais encore fallait-il le démontrer, et comme les actes gratuits ne courent pas les rues –chez les humains comme chez les chimpanzés– la probabilité qu'un scientifique soit au bon endroit au bon moment était très mince. Seule solution: provoquer l'événement.

Quel événement? Laisser tomber son crayon. Des chercheurs de l'Institut Max-Planck d'anthropologie, en Allemagne, ont démontré en effet que de jeunes chimpanzés vont ramasser un crayon marqueur "échappé" par un chercheur et le lui remettre.

Un geste anodin pour un humain, mais sans signification aucune pour cet animal. Or, c'est justement parce qu'il est sans signification aucune que bien des chercheurs auraient parié que le chimpanzé n'aurait pas ramassé le crayon: normalement, un animal ne rend pas un service à moins qu'il n'y ait un bénéfice évident pour lui.

Michael Tomasello et Felix Warneken, qui rapportent leurs observations dans la dernière édition de la revue Science, ont de plus comparé ce comportement avec celui d'enfants de 18 mois. Ces derniers ont également tendu une main secourable, et de davantage de façons que les jeunes chimpanzés: aider l'adulte à retrouver un livre qu'il a "égaré" ou pointer du doigt une trappe permettant d'ouvrir une boîte où sont "malencontreusement" tombées ses clefs.

De tels gestes, même pour un enfant de 18 mois, ne sont pas inattendus, parce que dès cet âge, un enfant commence à comprendre ce qu'un adulte pense ou désire (encore que ce type de compréhension ne sera pas pleinement développé avant l'âge de trois ans) de sorte que l'enfant peut lui-même avoir le désir d'aider.

Est-ce la même chose qui motive ce comportement chez le chimpanzé? Une forme d'empathie, déjà?

L'an dernier, l'anthropologue Joan Silk, de l'Université de Californie à Los Angeles, avait conclu dans une autre étude que les chimpanzés ne montraient aucune préférence entre la possibilité d'acquérir de la nourriture pour le groupe ou pour eux seuls: degré zéro de l'amitié ou de l'empathie, avait-elle conclu. L'étude actuelle, souligne-t-elle, ne contredit pas la sienne: il s'agit de jeunes chimpanzés et peut-être ceux-ci voyaient-ils le crayon qui tombe comme un jeu.

Mais c'est sûrement plus compliqué que ça, reconnaît-elle elle-même dans une analyse complémentaire. Car une seconde étude émanant du même laboratoire de Leipzig, en Allemagne, également publiée dans Science, conclut que les chimpanzés sont extrêmement doués pour collaborer –entre eux– lorsqu'ils s'en donnent la peine: ils "recrutent" les plus doués pour accomplir une tâche qu'ils sont incapables d'accomplir seuls (aller chercher de la nourriture sur un plateau difficile d'accès).

Altruisme, coopération, empathie: aussi embryonnaires soient-ils, ces sentiments devaient donc déjà exister, chez nos lointains ancêtres, il y a des millions d'années. Dommage que, depuis, on ne les ait pas développés à leurs pleines capacités.

 

 

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