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Quand un président se mêle de sida
(ASP) - Qu'un chef d'Etat se mette à parler de science,
voilà qui est rare. Qu'il le fasse en s'impliquant dans
une controverse scientifique, voilà qui est rarissime.
Qu'il se mette les pieds dans les plats à cause de cette
controverse scientifique, voilà qui n'arrive que quelques
fois... par siècle!
Mais le cas de Thabo Mbeki, Président d'Afrique du
Sud, récemment mis en cause pour avoir mis
en doute le lien entre le virus VIH et le sida, est intructif,
parce qu'il révèle la façon dont se développent
les croyances anti-scientifiques : il suffit qu'elles aient l'air
vraisemblables, et qu'on leur ajoute de pauvres dissidents soi-disant
en lutte contre le vilain establishment, pour qu'elles emportent
l'adhésion de millions de personnes.
La croyance du président est apparue au grand jour
à la fin-avril, lorsque le Washington Post a publié
copie d'une lettre expédiée à son homologue
Bill Clinton et au secrétaire général des
Nations Unies, lettre dans laquelle le chef d'Etat sud-africain
se plaignait de la "campagne orchestrée de condamnation"
à son égard depuis qu'il a épousé
les vues de "dissidents du sida", comme le chercheur
de l'Université de Californie, Peter Duesberg. Ce dernier
a publié en 1987 un livre dans lequel il affirmait que
le sida n'avait rien à voir avec le virus VIH.
A première vue, on ne verrait pas pourquoi cette hypothèse
serait rejetée, puisque la science a pour mission de regarder
les deux côtés de la médaille. "Nous
partageons ce désir", reconnaît l'équipe
éditoriale de Nature dans une lettre
ouverte au président sud-africain (résumé:
nécessite une inscription gratuite). Sauf que la
volonté de regarder les "deux côtés
de la médaille" n'est pas tout, en science : "nous
craignons que, dans votre admirable enthousiasme à assurer
qu'un vaste spectre de voix scientifiques soit entendu, vous
apparaissiez tenté de donner plus de poids à certaines
voix que le processus scientifique ne le justifie". Il est
trop facile, comme le font les défenseurs de Peter Duesberg
-et comme le font depuis des décennies les défenseurs
des OVNI, de la télépathie, du spiritisme, etc.-
de rappeler que des voix dissidentes doivent être entendues.
Et que Galilée fut lui-même une voix dissidente.
Le problème, c'est qu'à travers l'histoire, une
foule de voix "dissidentes" se sont fourvoyées.
Pour un Galilée, il y a eu des milliers de "dissidents"
dont les idées étaient complètement dans
le champ.
Il existe des procédés éprouvés
pour dégager le bon grain de l'ivraie, parmi ces "dissidents".
Contrairement à ce que les croyants veulent bien croire,
la science s'est de tout temps nourrie de "dissidents".
Mais les idées dissidentes ne deviennent acceptées
que si elles peuvent démontrer qu'elles peuvent expliquer
de façon claire et efficace un phénomène.
Si elles ne demeurent que de sympathiques idées, sans
assises dans le monde réel, sans que quiconque n'arrive
à démontrer leur solidité, alors elles doivent
être mises de côté.
L'idée suivant laquelle le sida est bel et bien causé
par un virus appelé VIH, a survécu à ce
procédé pour dégager le bon grain de l'ivraie.
Les scientifiques, rappelle Nature, sont pleinement au
courant des arguments des opposants : ils les ont étudiés,
et n'ont rien trouvé jusqu'ici qui mérite qu'on
s'y attarde. Les opposants, en revanche, se sont rarement montrés
intéressés à soumettre leurs idées
aux mêmes règles d'analyse critique.
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