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Mission impossible
(ASP) - Les internautes en connaissent un bout en matière
d'encodage. A une extrémité du spectre, il y a
ces logiciels qui permettent à n'importe quel individu
d'encoder son courriel: sécuritaires, mais pas impossibles
à décoder si suffisamment de ressources sont mises
dans la balance. A l'autre extrémité, il y a ces
codes qui, eux, sont réputés imprenables, mais
qu'une armée d'ordinateurs est parvenue à percer
après des mois de travail acharné. Ces dernières
années, l'encodage a fait des progrès fulgurants
-mais ce n'est rien encore à côté de ce qui
nous attend: un code
véritablement impossible à percer et, mieux encore,
impossible à intercepter.
Dans la prochaine édition de la revue très spécialisée
Physical Review Letters,
trois groupes décrivent les mécanismes obscurs
de la physique quantique qui leur permettent d'atteindre cet
objectif, que Nature appelle le "Saint Graal de la
cryptographie".
Ces mécanismes sont connus, du moins sur un plan théorique,
depuis des années; de sorte que les experts en cryptographie
savent depuis des années que ces mécanismes contiennent
les clefs d'un code imprenable. Ces mécanismes ont un
parfum d'étrangeté que n'auraient pas renié
les meilleurs auteurs de science-fiction: au coeur de la mécanique
quantique résident des particules possédant une
propriété particulière, que l'on pourrait
baptiser "emmêlement". Deux particules emmêlées,
enchevêtrées, liées par la naissance, par
exemple deux photons, se comportent comme si elles n'étaient
qu'une seule particule -même si elles sont séparées
par d'immenses distances.
Il suffirait donc, en théorie, de produire un flot
de ces doubles photons, représentant le message (sous
la forme de "1" et de "0", par exemple).
De toutes ces paires de particules, la moitié de chaque
paire est envoyée au destinataire, l'autre passe sous
le détecteur de l'expéditeur. Le fait de passer
sous le détecteur oblige la particule à "choisir"
-c'est une façon de parler, faute de terme plus précis-
une polarité (positif ou négatif). Ce faisant,
la particule jumelle choisit elle aussi. En conséquence,
si l'envoyeur connaît les "choix" de ses particules,
lui et lui seul connaît le "code".
Peu importe si ce qui précède n'est pas clair
pour vous : les physiciens eux-mêmes y perdent leur latin.
C'est jusqu'à Einstein qui avait rejeté cette théorie
comme ridicule. Mais nos trois groupes de chercheurs, dans trois
articles distincts, affirment avoir démontré qu'il
avait tort. Dans le premier cas, une équipe dirigée
par Gregor Weihs, de l'Université de Vienne (Autriche),
a transmis avec succès un tel message -l'image codée
d'une statuette- à une distance de 360 mètres.
Dans le deuxième cas, une équipe du laboratoire
de Los Alamos (Nouveau-Mexique), a démontré qu'il
était impossible à un espion de jeter un oeil indiscret
sur le message, sans laisser une trace de son "regard"
sur les particules quantiques. Enfin, le physicien Nicholas Gisin
et ses collègues de l'Université de Genève
(Suisse) se sont approchés autant qu'il est possible de
l'être d'une application pratique: ils ont transmis ce
signal, non pas en laboratoire, mais sur dix kilomètres
de fibre optique.
"C'était jusqu'ici considéré pure
philosophie, écrit Nicholas Gisin. A présent, nous
en sommes au point d'envisager que ces étranges aspects
de la mécanique quantique puissent être d'une certaine
utilité pour, par exemple, rendre Internet plus sécuritaire."
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