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Course aux armements transgéniques
(ASP) - Opposants comme défenseurs des manipulations génétiques
devraient au moins s'entendre sur une chose: la vie est pas mal plus complexe
qu'elle en a l'air. Les chercheurs et les agriculteurs commencent à
peine à s'habituer à des cultures que l'on a altérées
génétiquement pour résister à certains insectes
que déjà, ils devront s'habituer à des insectes...
qui ont développé une résistance à ces plantes
résistantes!
Devrait-on s'en étonner? Après tout, c'est une réalité
connue des biologistes depuis fort longtemps, et des agriculteurs depuis
plus longtemps encore: peu importe la qualité des produits employés
pour combattre un insecte, celui-ci s'adaptera tôt ou tard et il faudra
alors développer un produit plus efficace, auquel l'insecte s'adaptera,
obligeant la création d'un nouveau produit qui lui-même...
Pas de raison d'imaginer que ce soit différent avec les aliments
transgéniques...
L'étude présentée dans la dernière édition
de la revue Nature par le Dr Yong-Biao Liu, de l'Université
de l'Arizona, ne prétend pas renverser ce précepte: le chercheur
se contente de contester
la méthode actuellement employée pour retarder l'inévitable.
En l'occurence, l'inévitable, c'est le développement d'une
résistance au coton génétiquement modifié (on
a injecté à ces plants le gène d'une bactérie
afin qu'ils produisent leur propre insecticide) chez la larve du ver rose,
son principal ennemi. Les cultures expérimentales ont proposé
jusqu'ici de planter, au milieu des plants génétiquement modifiés,
des plants "normaux", de sorte que les larves ayant développé
une résistance aux plants modifiés auraient moins de chances,
devenues adultes, de rencontrer un conjoint qui aurait lui aussi développé
une résistance -elles auraient en fait davantage de chances de "tomber"
sur un conjoint qui aurait grandi sur un plant "normal", puisque
le taux de survie de ces larves-là serait plus élevé.
Ca, c'était donc la théorie. Les chercheurs de l'Arizona
ont constaté que ça ne marchait pas aussi bien que prévu.
Du moins, en laboratoire: leur étude démontre que les larves
ayant survécu aux plants modifiés mettent cinq à six
jours de plus à se développer en un adulte que les larves
nourries avec un coton "normal". La conséquence, c'est
que les premières sont prêtes à s'accoupler alors que
les secondes ne le sont pas encore. Les premières vont donc chercher
un conjoint parmi ceux qui sont prêts -en l'occurence, ceux qui ont
survécu comme eux aux plants modifiés. Et leurs enfants hériteront
de cette résistance.
Reste à voir si ce scénario pourrait se produire tel quel
dans un champ, et non en laboratoire. Mais pour l'instant, on ne voit pas
ce qui l'en empêcherait...
Pour
les environnementalistes, cette découverte pleine d'ambiguïtés
et de zones d'ombres vient néanmoins s'ajouter à une autre,
publiée en mai également dans Nature, selon laquelle le pollen
de maïs transgénique avait tué -également en laboratoire-
44% des larves de papillons qui s'en étaient nourries. Bref, pour
l'instant, il semble que la nature ne coopère pas avec les généticiens
autant que ceux-ci le souhaiteraient...
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