| Semaine du 17 janvier 2000 |  |
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Retour au sommaire des capsules (ASP) - Ainsi, " ils " ont donc fait un pas de plus. Ils ont cloné un singe -et leur percée est apparue presque banale. Certes, les chercheurs de l'Université de Portland, Oregon, ont bien pris soin de souligner que leur exploit était beaucoup moins spectaculaire que le clonage de la brebis Dolly, il y a plus de deux ans. Sauf que s'il est apparu banal, c'est pour une autre raison : on a tant et tant parlé de clonage depuis deux ans, on a tant de fois soulevé l'hypothèse d'un éventuel clonage humain, que plus personne n'est étonné. La technique employée par ces chercheurs pourrait bel et bien servir au plus proche cousin de ce singe rhésus -c'est-à-dire nous. Du moins, en autant que l'on veuille cloner un embryon, et non une personne adulte. Dolly est le clone d'une adulte. Ce singe est le clone d'un embryon, et le clonage d'embryon, les laboratoires pratiquaient cela chez des animaux inférieurs depuis plus de 10 ans. La différence cette fois-ci, c'est la technique employée : prendre un embryon dès les premières heures de son développement, laisser la cellule originelle se diviser en deux, puis en quatre, puis en huit, prendre ces huit cellules, les " découper " en quatre groupes de deux cellules chacun, et réimplanter dans quatre mères-porteuses ces quatre " nouveaux embryons ". Résultat : quatre frères jumeaux, identiques en tout, puisque nés à partir de la même cellule. Evidemment, la technique est encore loin d'être au point : il a fallu s'essayer avec 107 embryons qui, une fois " découpés " en deux ou quatre morceaux, en ont donné 368. Treize d'entre eux ont pu être réimplantés dans des femelles, donnant lieu à quatre gestations -et une seule naissance. Thétra, le singe qui a fait la manchette de tous les journaux du monde, est donc le seul survivant des quatre, nous racontent les huit chercheurs dans la dernière édition de la revue Science. Evidemment, puisqu'il s'agit du clone d'un embyon, on ne peut pas prévoir avec une absolue certitude ce que seront ses caractéristiques -au contraire du clone d'un adulte. Rien à voir, donc, avec le clonage humain tel que l'annonce la science-fiction. " Ce ne sont que des jumeaux artificiels ", a déclaré plusieurs fois le Dr Gerald Schatten, du Centre de recherche sur les primates de Beaverton, Oregon, dans un effort soutenu pour calmer les passions que l'on craignait dans l'opinion publique. C'est dans le même esprit qu'il faut comprendre les efforts tout aussi soutenus pour souligner les retombées médicales et pharmaceutiques que cette percée peut avoir : la possibilité qu'elle ouvre de cloner des singes d'une lignée particulière comme animaux de laboratoire. Dans la recherche sur le diabète, ou sur les maladies de Parkinson et d'Alzheimer par exemple, les animaux de laboratoire sont des rats, ce qui cause souvent des difficultés, leur organisme étant, à certains égards, assez différent du nôtre. Par ailleurs, avoir toute une série d'animaux de laboratoires tous identifiques permet d'interpréter les résultats d'expériences avec une plus grande certitude. Enfin, cette technique qui consiste à prendre des cellules d'embryons alors qu'elles ne se sont pas encore spécialisées, et de leur ordonner de revenir au point de départ, ce n'est ni plus ni moins que de la manipulation réussie de ces fameuses cellules-souches, " usines " de tous les organes que puisse abriter un être vivant. Pour cela aussi, des tas de médecins, à travers le monde, tendent aujourd'hui un oeil intéressé vers l'Oregon, quoi qu'en disent les lois et règlements sur le clonage. Quatre autres singes rhésus sont actuellement enceintes,
et les naissances sont prévues pour mai.
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