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Publier sur Internet, d'accord, mais à quel
prix?
(ASP) - Commençons par un rappel pour les profanes
: une des bases fondamentales du travail de tout scientifique,
c'est la publication. Un scientifique, qu'il soit astronome ou
zoologue, géologue ou généticien, doit faire
des recherches et publier les résultats dans des revues
savantes. Celui qui ne le fait pas est voué à tomber
dans l'oubli -ce qui veut dire, pas de subventions pour de futures
recherches, pas de titularisation s'il est dans une université,
et ainsi de suite.
Avec l'arrivée d'Internet, publier a soudain pris une
tout autre signification: ce n'est pas seulement le grand public
qui s'est vu offrir des possibilités accrues de diffuser
ses idées; les scientifiques aussi. A travers le monde,
des groupes se sont formés pour permettre aux experts
de tel et tel domaine de diffuser leurs résultats dans
davantage d'endroits, et surtout, plus vite. A tel point où,
dans le cadre d'un symposium réunissant récemment
à New York 120 chefs de file de l'édition scientifique
et de la recherche biomédicale, une bonne partie ont prédit
que d'ici peu, les chercheurs abandonneraient les revues "traditionnelles"
et
publieraient leurs résultats directement sur Internet.
Un grand pas en avant pour la diffusion des connaissances,
diront les internautes : l'information a besoin d'être
libre, et toute cette sorte de choses. Mais ce n'est pas tout
à fait exact. Parce qu'il y a toujours eu une subtilité
dans l'édition savante : parmi les milliers de revues
savantes, il s'en trouve dont la crédibilité est
supérieure aux autres. Il s'agit des revues dotées
d'un comité de révision (en anglais, peer-review)
: tout article qui leur est soumis doit passer entre les mains
d'un comité d'experts qui, eux, décident si la
méthodologie, l'échantillon, la description des
résultats, sont conformes et méritent donc publication.
C'est la raison pour laquelle une publication dans Science,
Nature ou le New England Journal of Medicine apporte
à son auteur davantage de poids que dans un obscur journal
médical.
Même le promoteur, il y a 16 mois, du projet PubMed
Central, Harold Varmus, à l'époque directeur du
National Institutes of Health -le plus important organisme subventionnaire
américain- a été obligé de reculer
par rapport à son idée du début (mettre
en ligne gratuitement tous les articles des principales revues
savantes, mais surtout, mettre en ligne toutes les recherches
non-publiées que voudront bien envoyer les scientifiques).
Il a reconnu qu'un mélange de recherches passées
par un comité de révision, et d'autres que personne
n'a lues avant, nuirait à la crédibilité
de son projet. Mais le projet est d'ores et déjà
en marche, bien qu'à une échelle réduite
(20 revues parmi les plus importantes ont accepté de donner
leurs articles).
Nul n'est capable de dire comment cela affectera l'édition
scientifique en général. Pour l'instant, PubMed
Central surveille du coin de l'oeil une initiative concurrente,
BioMed, et chacun commence à décocher des flèches
vers l'autre. Et tous de s'inquiéter du jour où
des recherches moins solides, peu rigoureuses, obtiendront de
plus en plus de visibilité dans les médias parce
qu'elles ont été écrites par un scientifique
fort-en-gueule... et publiées dans une cyber-revue que
les journalistes jugeront crédible parce qu'elle porte
un titre savant.
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