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La contre-attaque des bactéries
Ca pourrait être la nouvelle, non pas de la semaine, mais de l'année:
le Centre de contrôle des maladies d'Atlanta a annoncé récemment
l'apparition, au Japon, d'une souche de staphylocoque doré résistante
non pas à un ou à deux, mais à tous les antibiotiques
connus.
Le patient à l'origine de cet émoi avait été
traité en vain avec de la pénicilline et de la méthicilline.
L'utilisation de vancomycine, arme ultime, pendant 29 jours, s'est également
révélée inutile: la bactérie a été
la plus forte, et le patient est décédé.
La réémergence de bactéries qu'on croyait écrasées
par l'action des antibiotiques n'est pas une chose nouvelle: il y a une
dizaine d'années que les signes avant-coureurs se multiplie, et que
les microbiologistes tirent la sonnette d'alarme.
L'apparition, par contre, d'une bactérie résistante à
tous les antibiotiques a de quoi faire frémir.
Pourquoi des bactéries résistantes?
Si les microbiologistes tiraient la sonnette d'alarme, c'était parce
qu'ils considéraient, avec d'autres, que le corps médical
abusait des antibiotiques, depuis leur découverte, dans les années
40. En les surutilisant, y compris dans des cas où des médicaments
plus conventionnels auraient fait l'affaire, ils accéléraient
"l'adaptation" des bactéries: beaucoup d'entre elles succombaient,
mais il s'en trouvait suffisamment chaque fois pour survivre au traitement,
pour qu'une souche plus résistante finisse par se développer.
En soi, c'est un phénomène banal: on appelle ça l'évolution
des espèces. Les plus forts, ou les plus adaptés, survivent.
"Darwin
n'aurait pas été surpris", écrivait en mars
1996 le Bulletin de l'Alberta Heritage Foundation for Medical Research.
"Les bactéries sont devenus un exemple éclairant du
crédo de Darwin "la survie des mieux adaptés". "
Et comme la bactérie est la forme de vie la plus abondante, la plus
répandue -on en retrouve dans notre salive et dans notre estomac,
où elle effectue des tâches indispensables- en plus d'être
la forme de vie la plus simple que l'on connaisse -une seule cellule, sans
noyaux- une "adaptation", pour elle, ne se mesure pas en millions
d'années...
Le Time en avait fait son dossier de couverture dès septembre 1994.
Sous le titre accrocheur "Les
microbes contre-attaquent", le magazine expliquait le danger auquel
faisait face les médecins, qui risquaient de se retrouver complètement
démunis le jour où apparaîtrait une nouvelle souche
d'une bactérie connue, voire une bactérie complètement
inconnue jusque-là, résistante à tous les antibiotiques
disponibles.
"L'humanité a jadis eu l'outrecuidance de croire qu'elle pourrait
contrôler ou même conquérir tous ces microbes. Mais quiconque
lit les manchettes sait combien cet espoir est devenu vain. De nouvelles
souches émergent -le sida n'est que l'une d'elles- et de plus anciens
maux comme la tuberculose évoluent rapidement en des formes résistantes
aux antibiotiques, la principale arme de l'arsenal médical. Le danger
est encore plus grand, bien sûr, dans les pays sous-développés,
où des épidémies de choléra, de disenterie et
de malaria sont répandues par la guerre, la pauvreté, la surpopulation
et l'hygiène déficiente. Le monde microbien ne connaît
aucune frontière."
"La question a cessé d'être: Quand ces maladies infectueuses
seront-elles éradiquées? et est devenue: Quand apparaîtra
le prochain nouveau virus mortel?"
Le terrifiant virus Ebola en fut un exemple, mais
le problème est en soi encore pire qu'Ebola, ajoutait l'an dernier
le Dr Mitchell Cohen, du Centre national des maladies d'Atlanta, dans une
édition spéciale du Time (The New Frontiers of Medicine)
"Nous faisons face en ce moment à des infections dans nos hôpitaux,
ici même aux Etats-Unis. Des maladies liées à la nourriture
sont devenues un des problèmes de santé communautaire les
plus criants. Pour moi, c'est beaucoup plus préoccupant que quelque
chose de terrible se produisant dans la jungle."
En janvier dernier, une
unité des soins intensifs d'un hôpital britannique avait dû
fermer ses portes, en raison de la présence d'une punaise résistante
aux antibiotiques. La bestiole avait été découverte
chez un patient récemment transféré d'Espagne. Le patient
était par la suite mort d'autres causes, mais toute tentative pour
éliminer l'organisme avait échouée. Bien qu'aucun autre
patient n'ait apparemment été infecté, l'inquiétude
avait été suffisamment grande pour entraîner la fermeture
de l'unité.
Un épisode similaire s'était produit en octobre 1996 à
Sacramento, Californie, alors que 10 patients infectés par la bactérie
Entérocoque s'étaient révélés insensibles
à la vancomycine, un antibiotique créé dans les années
60. Une variété de cette bactérie résistante
à la vancomycine avait été identifiée sur la
côte Est américaine dès 1992, mais c'était la
première fois qu'elle l'était sur la côte Ouest. En
temps normal, l'entérocoque vit sans causer de dommages dans les
estomacs de 95% de la population.
D'autres épisodes similaires ont été signalés,
à Toronto en 1995 (40 cas), et en Saskatchewan en 1996 (35 cas).
Comme si tout cela ne suffisait pas, l'hebdomadaire américain spécialisé
dans les questions de défense Jane's dévoilait récemment
que la
Russie avait inventé une nouvelle variété d'anthrax
-une arme bactériologique- résistante à toute forme
d'antibiotiques. De quoi provoquer une catastrophe, si cela venait à
tomber en de mauvaises mains, préviennent les experts.
Quant à l'incident de l'hôpital britannique, en janvier, il
s'est produit même où l'Organisation mondiale de la santé
déclenchait une alerte internationale: les
bactéries résistantes aux antibiotiques sont sur le point,
écrivait-on alors -il y a seulement quatre mois! d'être présentées
comme le problème le plus sérieux auquel a à faire
face la communauté médicale du monde entier.
"Le problème devient rapidement incontrôlé, et
ses implications sont dévastatrices", déclarait un porte-parole
de l'OMS. En 1952, poursuivait-il, presque toutes les souches de staphylocoques
pouvaient être traitées efficacement avec de la pénicilline.
Trente ans plus tard, moins de 10 pour cent pouvaient l'être. Aujourd'hui,
il y a des souches de staphylocoques qui sont résistantes à
tous (les antibiotiques) sauf un -vancomycine.
Et c'est exactement l'obstacle ultime qui vient d'être renversé
au Japon.
Organisation mondiale de la santé
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