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Les aventuriers du navire perdu
Un événement à la fois
médiatique, éducatif et scientifique, comme seule la télévision
sait en produire, a eu lieu cette semaine: une expédition vers le
Titanic -encore une- avec l'armée habituelle de savants et autres
experts; mais accompagnée cette fois de l'arsenal complet d'un réseau
de télévision. Pour une série de retransmissions étalées
sur deux semaines, et une émission spéciale de deux heures,
en direct de l'Océan Atlantique -"sur" et "sous"
cet océan.
Pour la chaîne éducative américaine Discovery, disponible
sur le câble au Canada et ailleurs dans le monde, c'est évidemment
une
occasion de "capitaliser", écrit le Washington Post,
sur l'immense intérêt suscité par le film de James Cameron.
Mais c'est aussi une occasion d'offrir de la télé éducative
à son meilleur -rien à voir avec l'insipide ouverture "en
direct" d'un coffre-fort sorti du Titanic, que nous avait offert la
télévision commerciale américaine il y a une dizaine
d'années.
C'est, incidemment, une autre expédition pilotée par Discovery
et RMS Titanic Inc., le gardien légal des restes du paquebot qui,
en 1996, avait permis de découvrir que le naufrage avait été
causé par une longue série de petites ouvertures dans la coque
-lorsque le bateau avait "éraflé" l'iceberg- plutôt
que par une seule faille béante, comme on l'avait cru jusque-là.
Cette fois-ci, la science a encore été servie, puisque
dès les premières images retransmises depuis le fond de l'océan,
il est devenu évident que depuis 1996, les
bactéries avaient poursuivi à un rythme accéléré
leur travail de destruction.
Identifiées lors de l'expédition de 1996, ces bactéries
"dévoreuses de métal" qui donnaient à l'ensemble
une allure de grotte parcourue de stalactites, avaient été
vues comme une nuisance. Aujourd'hui, on se rend compte qu'elles se nourrissent
à un rythme beaucoup plus rapide que prévu, et on n'a aucune
idée de la façon de les arrêter. Ni même s'il
serait souhaitable de les arrêter. Pour les microbiologistes en effet,
ces créatures jusqu'ici inconnues se sont créées avec
le Titanic rien de moins qu'un nouvel écosystème, probablement
unique en son genre sur la planète, et il serait en conséquence
criminel d'essayer de s'en débarasser.
L'exploration du navire coulé en 1912 a aussi été
l'occasion, le 11 août, de remonter à la surface une pièce
imposante de la coque; une première tentative, en 1996, avait échoué
lorsque les câbles s'étaient rompus, alors que le morceau n'était
plus qu'à quelques mètres de la surface. Cette pièce
pourrait justement permettre d'en apprendre plus sur les bactéries
gloutonnes.
L'autre Titanic
Il n'est pas inutile de profiter de ce coup d'oeil sous-marin pour souligner
qu'une autre catastrophe maritime, aussi dramatique que celle du Titanic,
mais injustement méconnue, s'est produite à la même
époque: celle de l'Empress of Ireland, coulé en 1914 à
la suite d'une collision avec un navire norvégien, dans le Fleuve
Saint-Laurent, à l'Est de Rimouski.
La
tragédie de l'Empress of Ireland est méconnue, souligne Discovery,
à tort, parce qu'elle contient les mêmes ingrédients
susceptibles de faire un... bon film. Pire encore, en un sens, puisque la
tragédie de l'Empress a fait plus de morts parmi les passagers (840)
que celle du Titanic (815), ce dernier ne surclassant l'autre que lorsqu'on
ajoute les décès parmi les membres d'équipage.
De quoi faire un bon film, donc, ou de la bonne science: l'Empress of
Ireland séjourne toujours, lui aussi, au fond de la mer, et les petites
bactéries qui font aujourd'hui la joie des microbiologistes, sont
peut-être à l'oeuvre là-bas aussi...
Ou d'autres forces de la nature qui ont deux pattes et une grosse boîte
crânienne: selon un plongeur ontarien qui s'est rendu là-dessous
187 fois, les travaux entrepris par une compagnie privée depuis 1992
pour extraire le bois de teck du navire l'ont transformé en gruyère.
Les courants du Saint-Laurent risquent de l'achever, de sorte que les jours
de l'Empress, un majestueux navire lui aussi, sont probablement comptés.
Et l'Empress, comme le Titanic, appartiendra alors, pour de bon cette
fois, à l'Histoire.
L'exploration du Titanic en direct
Site-hommage à l'Empress
of Ireland, créé par un Québécois
Site
d'un spécialiste des bactéries "dévoreuses de
métal"
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