En manchettes la semaine dernière:
Ne faites pas d'exercice... et restez svelte!
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250 000 décès
par l'amiante
Le bouton de contrôle
du sommeil
L'ordinateur du 21e
siècle... ou du 22e?
Les catastrophes font
tourner l'économie
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Le bogue des prophètes
Il ne sera pas dit qu'on ne vous en aura pas
parlé ne serait-ce qu'une fois. Après tout, il ne nous reste
que 49 semaines avant l'apocalypse, l'armageddon. La fin du monde, quoi.
Pour la seule journée du 15 janvier, Yahoo
a recensé au moins six reportages étoffés sur cette
question, des effets du bogue de l'an 2000 sur les manufacturiers floridiens
aux préparatifs en Russie vus par la BBC en passant par les compagnies
aériennes chinoises et les déclarations du Pentagone. Jusqu'à
la Chronicle of Higher Education qui s'en mêle! Le Washington
Post a dressé une page spéciale sur le bogue, de même
que, bien entendu, Wired.
Sur son habituel ton dénué de tout esprit critique devant
tout ce qui parle de technologie, Wired
se "réjouit" qu'en 1998, on ait enfin "pris conscience"
du problème du bogue, mais se fait très avare de détails
sur les problèmes qui, à ce qu'on dit, se seraient d'ores
et déjà manifestés. Wired semble surtout très
fier de nous rappeler qu'il fut le premier à parler, en août
dernier, de
ces survivalistes américains qui enterrent des provisions dans
le désert de Californie et se préparent des bunker en prévision
de la catastrophe. Nulle part, semble-t-il, on ne s'est demandé si
ces mêmes personnes n'auraient pas fait les mêmes préparatifs
en prévision du fatidique an 2000, même s'ils n'avaient jamais
entendu parler du bogue...
A la suite de cet article, déclare Scott Olmsted sur son site
Web, des équipes de tournage d'ABC et de CBS se sont pointés
à son camp, cette dernière accompagnée de l'animateur-vedette
du bulletin de soirée, Dan Rather. Une preuve de maturité,
s'il faut en croire Wired.
Des problèmes? Bien sûr qu'il y en aura. Mais pour un regard
plus, disons, "neutre", le Scientific American est davantage de
rigueur. Dans un dossier publié dans son édition actuellement
en kiosque, le mensuel décrit
en long et en large les difficultés qui se présentent
sur la route des informaticiens tentant de résoudre le problème
qu'ils ont eux-mêmes créé il y a 30 ou 40 ans avec ces
histoires d'années à deux chiffres.
Changer la valeur des chiffres, pour que l'ordinateur pense que 00 est
plus grand que 99? Leur enseigner que 00 égale 2000? La difficulté
est souvent doublée du fait que l'ordinateur calcule aussi les jours
de la semaine (lundi, mardi...). Ou triplée lorsque deux systèmes
informatiques dans deux compagnies différentes calculent à
partir d'une date (celle de fondation de la compagnie) différente.
C'est pourquoi, souligne à grands traits le Scientific American,
les deux positions extrêmes sont tout autant naïves: autant celle-à-la-Wired
qui parle d'une apocalypse que celle qui consiste à dire que rien
ne va arriver. Le problème devient dès lors psychologique:
pour l'instant, c'est l'option de l'apocalypse qui l'emporte largement dans
l'esprit du public, de sorte que si les ennuis se résument à
quelques bogues, importants d'un point de vue d'informaticien mais mineurs
pour la population (pas d'avions qui s'écrasent, pas de stimulateurs
cardiaques qui explosent, pas d'interruptions de courant mondiales), cette
population, justement, risque peut-être d'avoir envie de lyncher un
ou deux informaticiens...
"Le bogue de l'an 2000 est prévisible, mais ce sont ses effets
qui sont imprévisibles", résumait The Economist, qui
s'inquiétait
en particulier des effets sur, quoi d'autre, l'économie. Le Scientific
American donne en exemple de problème possible le satellite de communications
Galaxy IV qui, au printemps dernier, est tombé en panne, réduisant
au silence des millions de téléavertisseurs. "Je crois
que de sérieuses ruptures se produiront, et que cela durera peut-être
un mois."
Mais cela étant dit, il faut prendre avec un grain de sel les
prédictions du genre "The End of the World As We Know It"
-une phrase devenue tellement "normale" dans l'esprit de certains
que, sur les newsgroups, elle est désormais reconnue par son acronyme:
TEOTWAWKI.
Comment en effet, écrit
l'auteur de ce second article du Scientific American, ne pas être
sceptique, lorsqu'on apprend dans ces newsgroups que vous êtes d'ores
et déjà condamné si vous n'avez pas entreposé
"300 livres de blé, 60 livres de légumes, 60 livres de
sucre ou de miel, cinq livres de sel et 20 livres de gras ou d'huile"...
pour la première année. Et c'est sans compter l'eau, les chandelles,
les aliments en boîte, les couvertures, les outils, les batteries
et bien sûr -ces conseils viennent des Etats-Unis, après tout-
les armes et les munitions pour vous protéger des hordes d'affamés
qui brûleront les villes à la recherche de subsistance...
Sur ces newsgroups, toute nouvelle concernant le bogue de l'an 2000 est
soigneusement rapportée -et avalée. A moins qu'il ne s'agisse
d'une nouvelle sur une solution pour remédier au problème,
auquel cas elle est aussitôt dénoncée comme un mensonge
-perpétré par le vilain gouvernement, le complexe militaro-industriel,
ou les deux. Ca vous rappelle quelque chose?
Tout
plein de livres publiés pour l'occasion. Sans nul doute, ceux-là
vont rendre leurs auteurs célèbres... pour 12 mois.
Y2K Journal Eh oui!
Year 2000 Computer Crisis Information
Center / Millenium Bug
Commission européenne
- an 2000 |