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Et Dieu créa Darwin...
La bataille entre scientifiques et créationnistes
a pris un nouveau tournant: l'Académie américaine des sciences
a publié un rapport intitulé "Enseigner l'évolution",
qui enjoint les écoles à inscrire l'évolution des espèces
dans leurs cours, et à laisser le débat sur la Création
aux cours de religion.
Qu'il faille en aller jusque-là rappelle à quel point le débat
a pris de l'ampleur aux Etats-Unis. En dépit de décisions
judiciaires qui avaient décrété que le "créationnisme
scientifique", comme ses partisans l'appellent, n'est pas une science,
et qu'il est donc illégal d'imposer son enseignement en lieu et place
de l'évolution, en dépit de cela, le très intense lobby
se poursuivait, et avait atteint ces dernières années des
proportions qu'on n'aurait jamais cru possibles il y a 10 ans.
Dans plusieurs Etats du Sud, des conseils scolaires imposent que soient
enseignés, sur un pied d'égalité, le "Créationnisme"
et "l'Evolutionnisme". Quelques Etats songent sérieusement
à retirer le terme "évolution" des programmes. En
Alabama, les livres utilisés dans les cours de biologie contiennent
désormais un avertissement, selon lequel l'évolution est seulement
une "théorie controversée".
Conséquence, écrit le magazine britannique The New Scientist,
apparemment pantois devant ces étranges Américains: "trop
souvent, les enseignants trouvent une façon de s'en sortir en omettant
tout simplement la question "controversée" de l'évolution."
Des félicitations sont donc de rigueur à l'endroit de la
National Academy of Sciences, pour son rapport intitulé "Teaching
about Evolution and the Nature of Science", qui
s'est mérité jusqu'à la Une du Washington Post
(édition du 10 avril, en ligne gratuitement jusqu'au 25 avril): "dans
ce qui constitue un geste inhabituel, l'Académie a publié
un manuel de l'enseignant élaboré, qui décrit comment
l'évolution devrait être discutée avec les élèves,
et comment répondre à des questions délicates, incluant
celles des parents. Le livre définit l'évolution comme le
concept le plus important de la biologie moderne, et s'insurge contre le
fait que des étudiants en entendent peu parler, parce que leurs professeurs
sont réduits au silence par des groupes religieux."
Les groupes religieux conservateurs ne sont évidemment pas contents:
"nous croyons, déclare au Washington Post Arne W. Owens, porte-parolede
la Coalition chrétienne, que les communautés ont le droit
de voir leurs valeurs reflétées dans le programme scolaire.
On nuit aux écoles publiques lorsqu'on y empêche l'expression
de points de vue importants et légitimes."
Le rapport, qui tente d'expliquer ce qu'est la méthode scientifique
(notamment en définissant clairement pourquoi on parle de "théorie")
et ce qui distingue la science de la religion, insiste sur le fait -apparemment
pas évident pour plusieurs- qu'on peut très bien croire en
Dieu ET accepter l'évolution. Et son argument final tombe en plein
dans le politically correct: chaque religion a sa propre idée
de la création, et parce que les écoles sont "religieusement
neutres", aucune croyance créationniste ne devrait être
présentée de préférence aux autres...
"C'est, conclut le New Scientist, la nature de la science de poser
sans fin des questions, et c'est la nature de la religion que d'avoir des
doctrines bien établies. Leur coexistence ne sera jamais facile,
mais les efforts de l'Académie devraient au moins rendre désormais
plus facile l'enseignement de l'évolution." C'est la grâce
qu'on leur souhaite...
Le communiqué
de presse de la NAS
Le rapport
Teaching about Evolution
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