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L'échec qui réjouit les astronomes
Ceux qui ne jurent que par les nouvelles technologies
pleurent la mort d'Iridium. Les astronomes, eux, applaudissent.
Iridium, c'est ce réseau de satellites -66 en tout-
qui représentait, à ce qu'on disait, l'avenir des
communications personnelles: une véritable toile d'araignée
tendue au-dessus de nos têtes, permettant à n'importe
qui, doté d'un téléphone cellulaire, d'appeler
de n'importe où -y compris des endroits les plus reculés
de la planète. Avant son lancement, et pendant celui-ci,
à la fin de 1998, le projet a été encensé
sur toutes les tribunes, en particulier dans les médias
qui ne jurent que par les nouvelles technologies, comme Wired.
Eh bien, le ballon s'est dégonflé. Le concepteur
d'Iridium, la compagnie du même nom dont le principal investisseur
est la firme d'informatique Motorola, a eu les yeux plus gros
que la panse. Le 17 mars, il a mis la clef dans la porte de ce
projet qui lui aura coûté... quelque 5 milliards$
US!
Et si les astronomes n'ont pas applaudi, c'est parce qu'ils
sont polis.
Parce qu'Iridium, c'était, pour la radio-astronomie,
l'équivalent d'un gigantesque nuage qui serait allé
se placer au-dessus de tous les télescopes du monde: la
création d'une zone d'interférence permanente dans
cette région du spectre électro-magnétique
où quasars, galaxies, étoiles irrégulières
et autres phénomène cosmiques "parlent"
en permanence aux scientifiques.
Bref, l'écoute du cosmos sacrifiée pour une
poignée de téléphones cellulaires.
"Je ne dirai pas qu'Iridium méritait (ce qui lui
arrive), mais
ils n'étaient certainement pas de bons voisins",
déclare à Science Willem Baan, directeur
de l'Observatoire de radio-astronomie Westerbork, aux Pays-Bas.
Pour ceux qui s'intéressent très peu à
la radio-astronomie, signalons au passage que c'est grâce
à elle que les plus rêveurs espèrent capter
un jour un signal radio extra-terrestre...
Les astronomes assurent maintenant qu'on ne les y reprendra
plus, et qu'ils seront plus vigilants " la prochaine fois
". Mais les investisseurs d'une éventuelle "
prochaine fois " risquent eux aussi d'être plus vigilants:
la montée de ce projet, tout au long des années
90, a été accompagnée par une absence quasi-totale
d'esprit critique. L'échec
lamentable d'Iridium -à peine 10 000 clients- rappelle
(encore !) aux dévots des nouvelles technologies qu'il
ne suffit pas qu'une technologie soit efficace pour que le monde
entier l'adopte.
Iridium, dont les satellites seront envoyés sur une
orbite plus basse pour brûler dans l'atmosphère
au cours des deux prochaines années, restera dans les
mémoires... comme l'une des 20 plus grosses faillites
de l'histoire des Etats-Unis.
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