EN MANCHETTES SUR LE NET


Semaine du lundi 28 avril 1997


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Coeur artificiel ou coeur de porc?

Au moment même où des chercheurs américains se réjouissaient de ce qu'un poumon artificiel avait passé pour la première fois, 24 heures à l'intérieur du corps d'un animal, les autorités britanniques décidaient d'interrompre le programme de transplantation de coeurs artificiels, devant l'échec des expériences tentées jusqu'ici sur des humains.

 

La première nouvelle ouvre de nouveaux espoirs à tous les patients qui attendent des mois, voire des années qu'un donneur se manifeste -et dont l'organisme affaibli les lâche souvent avant. Un poumon artificiel améliorerait grandement leurs chances de survie. Le nouveau joujou, rapporte l'American Society of Artificial Internal Organs Journal, a fait pendant 24 heures tout ce qu'on se serait attendu de la part d'un vrai poumon -respirer de l'oxygène et rejeter du gaz carbonique. L'organe artificiel était directement relié aux artères pulmonaires, du côté droit du coeur, et renvoyait le sang oxygéné à l'aorte gauche.

Il y a toutefois un long chemin à parcourir avant de pouvoir expérimenter cette technique sur des êtres humains, ont prévenu les chercheurs. Et comme pour les appuyer, est parvenu d'Outre-Atlantique la même semaine une nouvelle beaucoup moins encourageante. Une nouvelle concernant un autre organe artificiel, mais qu'on croyait, celui-là, de mieux en mieux maîtrisé: les derniers événements ont décidé les hôpitaux britanniques à interrompre provisoirement les expériences: les cinq personnes qui s'étaient transformées de leur plein gré en "cobayes humains" pour expérimenter les nouveaux modèles de coeurs artificiels sont mortes.

Toutes cinq souffraient de graves problèmes cardiaques qui les condamnaient à brève échéance, et les premières expériences de coeurs artificiels, dans les années 80, avaient d'abord suscité de grands espoirs.

L'interruption de ce type d'expérience -tout au moins, en Grande-Bretagne- rouvre la porte aux transplantations d'organes d'animaux -par exemple, les coeurs de porc, vers lesquels se tournent de plus en plus les chercheurs- et suggère même, selon le Daily Telegraph, que l'avenir puisse être davantage de ce côté que du côté des organes artificiels.

Cette décision des Britanniques survient pourtant quelques jours seulement après la parution d'un rapport extrêmement optimiste sur l'avenir des organes artificiels. "L'homme bionique sera une possibilité dans 20 ans", écrit le futurologue Ian Pearson, du Centre de recherches et des technologies appliquées chez British Telecom.

Transfusions de sang artificiel et pancréas artificiel d'ici deux ans, instrument que nous porterons sur nous et qui nous alertera en cas d'urgence d'ici 10 ans, "hommes bioniques" avec des jambes artificielles vers 2015, organes plus complexes remplacés par des machines -poumons, reins, foie- vers 2030... et ultimement, pourquoi pas, un cerveau artificiel vers 2035.

"Nous pouvons déjà mesurer certains processus simples de la pensée, écrit le chercheur. Vers 2025, nous devrions être capables de lire ce que pense le cerveau, et de le nourrir d'informations pour accélérer son apprentissage. Dix ans plus tard, nous devrions être capables de miniaturiser toutes ces technologies de telle façon qu'un ordinateur de la taille du cerveau, mais plus puissant et capable de contrôler le corps humain, puisse être utilisé dans des transplantations de cerveaux."

En attendant toutefois la réalisation de ce scénario de science-fiction, les scientifiques de 1997 continuent de plancher sur leurs nouveaux modèles de coeurs artificiels. Bien que très imparfaits, en regard des cinq derniers décès, ils semblent, de l'avis des experts, constituer tout de même un progrès (qu'est-ce que ça devait être!) par rapport à "l'ancêtre", le Jarvik, qui était, lui, entièrement artificiel -alors que les nouveaux modèles, plus petits, sont conçus pour aider le coeur, le vrai, à accomplir un travail spécifique: par exemple, aider le côté gauche du coeur à pomper le sang vers le corps. L'un d'eux, appelé LVAD (left ventricular assist device), a été implanté pour la première fois au printemps 96, dans le corps d'un homme de 68 ans. Et il semble, pour l'instant, toujours bien fonctionner.