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Célibataire depuis 40 millions d'années
La vie sexuelle des animaux contient des tas de surprises.
Mais celle-ci en fera frémir quelques-uns, et en réjouira
quelques-unes: une bestiole qui vit sans le moindre mâle,
et pourtant se reproduit, depuis 40 millions d'années.
Et on ne parle pas ici de micro-organismes, qui n'ont ni mâles
ni femelles dans leurs rangs, puisqu'ils se reproduisent en se
divisant en deux. On
parle d'un groupe d'animaux qui n'est composé que de femelles.
Il s'agit plus précisément d'un ver microscopique,
qui vit dans l'eau douce, appelé le bdelloïd rotifère.
Des chercheurs de l'Université Harvard viennent de découvrir
que cette colonie d'amazones n'a pas seulement survécu
depuis 40 millions d'années, elle a proliféré:
elle a donné naissance à 350 espèces qui,
toutes, se sont adaptées en fonction de leurs environnements
respectifs.
En temps normal, le sexe a pour utilité de mêler
les gènes du papa et de la maman. Ce "brassage",
de génération en génération, diversifie
le bagage génétique d'une espèce, ce qui
réduit les risques de voir une mutation tuer tout le monde
d'un seul coup. Sauf que pour réaliser ce brassage, il
faut, justement, un papa et une maman.
"Ce ne sont que des femelles, insiste l'un des chercheurs,
Matthew Meselson. Elles pondent des oeufs, qui donnent naissance
à des femelles, qui pondent des oeufs, qui donnent naissance
à d'autres femelles."
Fort bien. Mais cela ne règle pas la question qu'à
ce stade, tous les lecteurs doivent se poser. Question à
laquelle, malheureusement, l'article des chercheurs, paru dans
la revue Science, n'apporte pas de réponse. Si
seules des femelles naissent, comment diable sont-elles fécondées?
Les chercheurs réservent cette réponse cruciale
pour une prochaine étude. Un article paru dans l'hebdomadaire
Science News spécule sur la possibilité
qu'il y ait bel et bien, malgré tout, des mâles,
sous la forme de "petites seringues hypodermiques nageantes,
remplies de sperme". Mais jusqu'à preuve du contraire,
ces chercheurs-ci
ont démontré, pour la première fois, que
pouvait exister dans la nature une espèce qui ne donne
naissance qu'à des femelles.
Des soupçons avaient déjà pesé
sur certains insectes, mais la présence de mâles
avait chaque fois jeté l'hypothèse par terre. Cette
fois, une analyse serrée de l'ADN a pu démontrer
qu'il n'y avait pas de "brassage", donc pas de mâles.
Quant à savoir comment ils font ça -et, accessoirement,
comment ils, ou plutôt elles, ont survécu 40 millions
d'années sans être décimées par une
mutation- ce sera pour une autre fois.
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