Le départ de Roger Gosden
(ASP) - Il y a deux ans, un scientifique
britannique quittait avec fracas son pays pour venir s'établir
à Montréal, à l'Université
McGill, prétextant que la Grande-Bretagne était
arriérée dans le domaine des médecines
reproductives. Aujourd'hui, on le retrouve établi
aux Etats-Unis, où son équipe vient de susciter
une autre controverse.
Il faut dire que Roger Gosden est un cas.
En 1999, il surgissait dans l'actualité internationale
-et suscitait en Grande-Bretagne une controverse qui entraînerait
son départ- pour avoir contribué à
mettre au point un traitement permettant de faire considérablement
reculer l'âge au-delà duquel une femme ne
pouvait plus avoir d'enfants (lire: Devenir
maman à 70 ans). La technique consistait en
une greffe de fragments d'ovaires de femmes plus jeunes
-ou de fragments de ses propres ovaires, en autant que
ceux-ci aient été congelés des années
plus tôt. Expérimentée à l'été
1999, la technique allait toutefois se révéler
fort peu efficace. Mais on y a tout de suite vu la porte
ouverte au développement d'un marché noir
d'ovaires
Ou à d'autres types de marchés
noirs, encore plus dérangeants: en 1994, le même
Dr Gosden avait proposé d'utiliser des tissus de
ftus pour restaurer la fertilité des femmes
(plus exactement des tissus d'ovaires prélevés
sur un ftus avorté). La proposition était
montée jusqu'au Parlement de Londres, et avait
conduit à une motion faisant de toute recherche
sur la greffe de tissus d'ovaires prélevés
sur un foetus, un acte criminel.
C'est donc cet événement qui
avait conduit le Dr Gosden à annoncer officiellement,
en septembre 1999, après le dévoilement
de la transplantation réussie de tissus d'ovaires
-mais des mois avant qu'on apprenne qu'on avait placé
trop d'espoirs en cette stratégie- son départ
de Londres pour Montréal, à l'hôpital
Royal Victoria de Université McGill. "Ce n'est
plus facile d'être un scientifique en Grande-Bretagne",
avait-il alors accusé.
Il faut croire que ce n'est pas facile non
plus d'en être un au Canada, puisque son nom a resurgi
récemment dans l'actualité, en tant que
nouveau directeur scientifique de l'Institut Jones de
médecine reproductive. Cet Institut, qui est en
réalité une clinique privée, avait
attiré la critique l'été dernier,
lorsqu'il avait révélé avoir fertilisé
des ovules dans le seul but de récolter des cellules-souches
d'embryons. Le mois dernier, par la voix de son nouveau
directeur, il annonçait ne plus avoir l'intention
de créer de "nouvelles lignées de cellules-souches"
-ce qui n'est pas étranger, a reconnu M. Gosden,
au fait que la loi l'interdira bientôt aux Etats-Unis.