Génome Canada: les gagnants
et le perdant
(ASP) - Surprise parmi les profanes et les
experts: dix projets ont été retenus au
Québec en recherche sur la génomique
mais pas celui que tout le monde attendait.
Le grand gagnant est la compagnie SignalGene,
qui décroche une subvention de 8,15 millions$ pour
un projet sur la santé des femmes. Le grand perdant
est Cart@gene, qui visait
à dresser une carte génétique du
Québec.
La surprise provient de Génome Canada,
l'organisme créé l'an dernier par le gouvernement
fédéral pour distribuer les fonds alloués
à la recherche dans ce domaine: 300 millions de
dollars, qui seront répartis dans les prochains
mois. La première quinzaine d'avril voit ainsi
se succéder les annonces, région par région.
Dans le cas du Québec, c'est une
somme de 46 millions qui a été annoncée,
à laquelle s'ajoute la même somme fournie
par Génome Québec. Ces sous sont répartis
entre10 projets, dont huit concernent la santé,
un l'environnement et un, la foresterie. Ces projets devraient
donner de l'emploi à 130 chercheurs sur trois ans.
Celui de SignalGene porte plus précisément
sur l'étude des mécanismes moléculaires
à l'origine du cancer du sein, de l'ovaire et de
l'ostéoporose.
Les projets gagnants sont le résultat
de recommandations faites par un comité de quelque
150 experts de la génomique provenant des Etats-Unis,
du Japon, de l'Europe et de l'Australie. Aucun Canadien
ne faisait partie du comité, afin d'éviter
tout comflit d'intérêts. Ce qui rend encore
plus étonnant le fait que Cartagene ne soit pas
passé, considérant le nombre de fois où
on a pu entendre -du moins, dans la bouche de ses promoteurs-
qu'il s'agissait d'un projet qui faisait l'envie de nombreux
autres pays.
Génome Québec avait, en novembre,
évalué Cartagene, et l'avait recommandé
à ce comité d'experts, en même temps
que les autres projets, ce qui avait alors été
présenté (voir
ce texte) comme une étape importante.
Cartagene aurait nécessité
38 millions$ sur trois ans, ce qui aurait pu être
un élément dissuasif aux yeux de Génome
Canada, selon Bartha Maria Knoppers, juriste à
l'Université de Montréal, interrogée
à ce sujet cette semaine par Le Devoir.
Une relation que rejette Martin Lepage, de Génome
Canada, qui rappelle que son organisme a alloué
26 millions à l'Université de la Saskatchewan
pour un projet en agriculture.
Le projet visait à créér
une banque d'ADN -où chacun serait resté
anonyme- qui aurait servi à dresser une "carte
génétique" du Québec, c'est-à-dire
une carte de la distribution des gènes -en particulier
les gènes de prédisposition à une
foule de maladies. Ces données, affirmaient les
défenseurs de Cartagene, auraient permis, un jour,
d'améliorer la prévention de diverses maladies
-par exemple, en réaffectant les ressources en
fonction de la distribution des dites maladies.
Mais Génome Québec et Génome
Canada ne sont pas désintéressés,
comme le rappelait l'Agence Science-Presse le
3 décembre. Ces organismes ont pour mission
"de transformer les résultats de la recherche en
occasion de croissance pour les compagnies biotechnologiques".
Faut-il en conclure que les projets garantissant une rentabilité
rapide partent avec plusieurs longueurs d'avance sur ceux
dont les résultats ne se présenteront qu'à
long terme?