Questions-réponses
sur la bactérie SARM
(ASP) - Le Québec fait face à
une nouvelle bactérie dans ses hôpitaux,
avons-nous appris en fin de semaine: le SARM. Une bactérie
résistante aux antibiotiques, une super-bactérie
ont même dit (erronément) certains, qui aurait
infecté au moins 5000 patients en 2004.
Le SARM est-il une nouvelle bactérie?
Non.
- SA signifie Staphylococcus
aureus (Staphylocoque doré): c'est
une bactérie très courante que l'on retrouve
sur trois personnes en santé sur 10, souvent
dans le nez. Les gens qui en sont porteurs sont rarement
malades. Dans une minorité de cas, elle peut
provoquer des infections qui peuvent tourner en bronchite
ou en pneumonie.
- RM signifie résistant
à la méthicilline (un antibiotique
courant): on a pour la première fois identifié
de tels staphylocoques dorés résistants
à la méthicilline dans les années
1970. Le premier cas canadien remonte à 1981,
en Ontario.
Le SARM est-il résistant à tous les antibiotiques?
Non, uniquement à la méthicilline,
comme l'indique son nom. C'est pourquoi on ne doit pas
en parler comme d'une "super-bactérie" du
moins, pas encore terme qu'emploient les médecins
avec de plus en plus d'inquiétudes
pour désigner les bactéries résistantes
à toutes les variétés d'antibiotiques.
Comment des bactéries ont-elles pu développer
une telle résistance?
Lorsqu'ont été inventés
les antibiotiques, il y a un demi-siècle, on a
crié au miracle. On avait pour la première
fois un outil pour éliminer des infections qui,
pendant des millénaires, avaient fauché
des vies sans discrimination. On s'est donc mis à
prescrire des antibiotiques, et à trop en prescrire:
car ce qu'on avait oublié, c'est que sur des milliards
de bactéries, il y en a toujours quelques-unes
qui, grâce aux hasards de l'évolution, sont
naturellement résistantes à un traitement.
Or, plus on utilise ce traitement, et plus on donne à
ces résistantes des chances de prendre toute la
place.
Au cours des 30 dernières années,
de plus en plus de bactéries sont donc devenues
résistantes à de plus en plus d'antibiotiques.
Au cours des 10 dernières années, le problème
a été reconnu comme une des menaces majeures
auxquelles fera face la médecine du XXIe siècle,
si de nouveaux traitements ne sont pas rapidement mis
au point.
Comment se transmet le SARM?
Par simple contact. Un lavage soigné
des mains contribue à limiter les risques pour
cette bactérie-là comme pour beaucoup d'autres.
Le SARM est-il en croissance?
Oui, comme toutes les bactéries résistantes
aux antibiotiques. Au début des années 1980,
selon l'Agence de santé publique du Canada, la
prévalence de ce microorganisme était de
moins de 3%. En 1990, elle atteignait 40% dans certains
hôpitaux américains et européens.
Des souches résistantes à d'autres antibiotiques,
comme la pénicilline, ont été souvent
signalées aux États-Unis, et au moins une
souche résistante à la vancomycine a été
récemment isolée au Japon.
Au Canada, une hausse a été
notée dès 1995-96, lors de la première
étude nationale de surveillance du SARM (Programme
canadien de surveillance des infections nosocomiales).
Une enquête de l'émission Découverte
(Radio-Canada) vient de révéler que le Québec
a connu une progression importante après cette
date: de 2% des SA qui étaient résistants
à la méthicilline en 1995, on serait passé
à 16% en 2000 et à 27% en 2002. Pour ensuite
plafonner, selon l'Institut national de santé publique.