Un vide autour de l'hydrogène
(ASP) - En 1998, la phase I du Projet européen
intégré pour lhydrogène (EIHP)
a investi des millions dans la technologie du véhicule
à hydrogène alimenté par une pile
à combustible. Mais en 2001, la phase II change
radicalement de cible: le débat nest plus
scientifique, il est politique.
Homologation difficile des véhicules,
normes environnementales peu propices, les enjeux ne sont
plus technologiques, mais réglementaires, expose
Reinhold Wurster, de la firme allemande L-B Systemtechnik.
"En Europe, il faut se conformer à 47 directives
avant de pouvoir mettre un véhicule sur la route.
Or, il est impossible pour un véhicule à
hydrogène de se conformer à certaines dentre
elles, applicables seulement pour les véhicules
à essence. Il faut donc suivre une procédure
dexception qui prend deux ou trois ans et dont les
résultats demeurent incertains."
LEIHP souhaite une norme mondiale
unique, une sorte de norme ISO pour les technologies propres
aux véhicules à hydrogène. Elle vient
de présenter un projet à un organisme dépendant
des Nations Unies, histoire de donner tout de suite une
portée universelle à cette réglementation.
Lindustrie automobile mondiale sest associée
à cette démarche.
"Ce quil faut éviter,
insiste Reinhold Wurster, cest que les manufacturiers
aient à satisfaire une foule dobligations
nationales différentes, ce qui gaspillerait de
lénergie et des ressources. Au contraire,
une norme mondiale unique faciliterait la diffusion de
la technologie."
Les politiques actuelles en matière
de qualité de lair, de gaz à effet
de serre, de transports et de sécurité énergétiques,
sont loin de venir en aide à lhydrogène,
observe de son côté David Hart, du Imperial
College, en Grande-Bretagne. En fait, le pétrole
répond parfaitement aux normes actuelles. Il propose
le concept de "transport durable" comme manière
dimposer lhydrogène.
Les politiques sur la qualité de
lair, notait-il dans le cadre de la Conférence
mondiale de lhydrogène énergétique,
qui avait lieu récemment à Montréal,
ne fixent pas des objectifs très ambitieux (une
seule exception, la Californie). Et même si on fixe
des objectifs élevés, il nest pas
évident que lhydrogène soit concurrentiel
face à lélectricité. Même
les objectifs de réduction des gaz à effet
de serre sont si peu ambitieux qu'on pourra les atteindre
sans abandonner le pétrole.
Le problème majeur de lhydrogène
nest pas tant la technologie elle-même que
sa difficulté dimplantation. Les investissements
dans lindustrie automobile se font à coups
de milliards, ce qui augmente la difficulté de
financement et le risque, dautant plus que les marges
de profits sont minces. Qui plus est, lindustrie
automobile est encore en croissance et les consommateurs
sont satisfaits de la voiture à essence, ce qui
nincite personne à se précipiter...