McGill à jamais dans les hautes
sphères
(ASP) - " Nous sommes heureux de
vous annoncer le baptême de l'astéroïde
McGill. Une cérémonie a eu lieu le 28 juin
dernier à l'université du même nom.
Les parents, les astronomes David Levy et Henry Holt,
sont très fiers de ce nouvel inscrit dans la liste
des corps célestes. "
Ce faire-part ressemble à un canular.
L'événement annoncé est pourtant
bel et bien réel. Onze ans après sa découverte,
un astéroïde est enfin sorti de l'anonymat.
Pourquoi un tel délai ? C'est la
procédure de nomination des astres qui l'impose.
Un astéroïde doit en effet être suivi
durant au moins toute une orbite autour du Soleil avant
qu'on puisse confirmer son existence. L'UAI (Union astronomique
internationale) est ensuite le seul organisme autorisé
à le baptiser. Contrairement aux autres corps célestes,
les astéroïdes ne sont pas soumis à
des règles de nomination trop strictes. Ceres,
le premier découvert, il y a très exactement
200 ans, a eu, depuis, de nombreux petits frères
aux noms aussi extravagants que "mr.spock".
L'astéroïde McGill a été
observé pour la première fois en 1990 par
David Levy et Henry Holt. Il mesure probablement entre
deux et cinq kilomètres de diamètre, a une
forme irrégulière et une surface parsemée
de cratères. Situé entre Mars et Jupiter,
il parcourt son orbite autour du Soleil en environ trois
ans. Il doit son nom à David Levy, un célèbre
chercheur de comètes, connu en particulier pour
avoir découvert, avec Eugene et Carolyn Shoemaker,
la comète Shoemaker-Levy 9, qui est entrée
en collision avec Jupiter en 1994.
Or, David Levy est originaire de Montréal
et, même s'il travaille aujourd'hui en Arizona,
il est resté sentimentalement très attaché
à l'université McGill. "McGill fait autant
partie de ma vie que ma propre famille." Il faut dire
que son père y a suivi des cours de sciences économiques,
sa mère des cours de médecine et que tous
ses neveux et nièces y ont fait leurs études.
Lui-même y a passé plusieurs années:
en 1966-68 durant son premier cycle universitaire, en
1971 et en 1974-75. Il participait alors à la rédaction
du McGill Daily et parle de cette période
comme ayant été très spéciale
pour lui. Depuis, il écrit des livres et participe
à des revues scientifiques telles que Parade
ou Sky and Telescope.
Aujourd'hui McGill a donc un représentant
quelque part dans le système solaire. En 1999,
l'un de ses anciens élèves, l'astrophysicien
québécois Hubert Reeves, a
lui aussi vu son nom attribué à un astéroïde.
McGill semble décidément un bon tremplin
pour les étoiles !
Anne-Camille
Bouillié