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Le 17 septembre 2001




Un pont entre deux rives

(ASP) - Deux solitudes : les chercheurs scientifiques d’un côté, les communicateurs et vulgarisateurs de l’autre. Deux univers qui se côtoient rarement, qui s’ignorent carrément, voire se méfient l’un de l’autre. Mais qui, pourtant, se nourrissent mutuellement.

"Établir un pont entre deux rives " c’est le défi que s'était donné le colloque organisé les 14 et 15 septembre par l’organisme Science pour tous et l’ACFAS, l’Association francophone pour le savoir. Intitulé Diffusion vulgarisée de la science et de la technologie : Rencontre entre les producteurs et les diffuseurs, ce colloque, qui avait lieu au Centre des sciences de Montréal, aura été un des très rares évènements à réunir physiquement des chercheurs et des diffuseurs —journalistes scientifiques, muséologues, professeurs de science, vulgarisateurs de toutes sortes.

L’an dernier, au lendemain du dépôt de la Politique scientifique du gouvernement du Québec —la première en près de 20 ans- le besoin s’était fait plus évident pour une telle rencontre. Le ministre d’alors à la Recherche, la science et la technologie, Jean Rochon, avait souvent répété que les chercheurs ont le devoir de diffuser leurs découvertes au-delà de la communauté scientifique. Dans le cas des sciences sociales, cela devient même une exigence lors de l’octroi des subventions.

Mais c’est souvent plus facile à dire qu’à faire. "Les chercheurs doivent produire et développer leurs recherches, doivent remplir leur tâche d’enseignement, et sont souvent encouragés à démarrer leur entreprise", fait remarquer Jean Nicolas, chercheur en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke. Ils manquent cruellement de temps. "On ne peut plus faire du bénévolat", dit-il.

Pourtant, ils sont une poignée à prendre à cœur la diffusion de leurs découvertes et le partage de leurs connaissances auprès du grand public. Pour le pédagogue Yvon Fortin, professeur en sciences physiques au Cégep Garneau à Québec, c’est un acte naturel et humain. "Nous vivons dans un monde où les arts, la culture et la science se côtoient. La diffusion de la science devrait tenir la même place que la diffusion des arts… De la même manière que l’artiste ressent le besoin de dévoiler ses oeuvres, il en est de même pour le chercheur vis-à-vis de ses découvertes". "C’est pour le plaisir d’abord", ajoute Jean Nicolas.

Mais au-delà de ces considérations existentielles, dans le pratico-pratique, les chercheurs le reconnaissent, la vulgarisation scientifique est un exercice difficile et périlleux. Difficile, parce qu'il est souvent délicat de parler science sans utiliser de termes scientifiques, et périlleux car, dans l’exercice, il peut vite arriver de faire des digressions et ainsi, dénaturer le sujet. Jacques Kirouac, directeur général de Science pour Tous et coordonnateur du colloque, s’accorde avec les chercheurs sur " l’importance d’une collaboration entre le chercheur qui détient l’information et le communicateur qui possède le professionnalisme pour la traduire et la diffuser ".


Le point de vue des communicateurs

Les communicateurs, justement. Quelles sont leurs propres attentes face aux chercheurs ? Chose certaine, ils ne se voient pas comme de simples courroies de transmission entre les chercheurs et le grand public, mais veulent jouerr un rôle proactif dans la diffusion, ne serait-ce que par le choix des sujets. " On a besoin de comprendre notre société afin de mieux juger ses enjeux et il s’agit là d’un travail de longue haleine ", souligne Claire Levasseur, directrice générale de l’Association des communicateurs scientifiques (ACS), la seule association du genre au Québec, qui regroupe journalistes, relationnistes et autres " diffuseurs " de science.

Pour Jean Nicolas, ancien vice-recteur à la recherche de l’Université de Sherbrooke et membre du conseil d’administration de l’ACS, "l’enjeu est important. On vit dans une société dite de la connaissance, et les gens sont curieux de nature". "L’univers dans lequel on vit maintenant est un monde d’images, ajoute Yvon Fortin. Malheureusement, lorsqu’on pense science, on fait souvent référence à la science-fiction... Il faut faire connaître la teneur et l’importance qu’a la science dans notre vie de tous les jours, pour mieux informer le citoyen et lui donner les outils pour qu’il puisse juger."

Bref, à court terme, d’abord et avant tout, bien informer les jeunes. "Par exemple, signale Yvon Fortin, beaucoup de jeunes s’orientent en informatique avec l’idée qu’ils vont pouvoir créer leurs propres jeux d’ordinateur, et souvent, ils sont déçus et doivent se réorienter. Car ce n’est pas cela qu’on apprend en informatique, mais c’est surtout des maths et la programmation, ce qui n’est pas pour plaire à tous!". Dans le même esprit, il faut détruire le mythe que ce sont les meilleurs qui vont en sciences, mythe entretenu par un incessant " discours de carrière ", qu’on retrouve jusqu’au gouvernement. Vaudrait mieux faire valoir chez les jeunes les qualités qu’ils auront à développer, telle l’ouverture d’esprit, la rigueur scientifique...

Enfin, autre dossier " chaud " débattu au colloque, le financement et l’implication autant de l’entreprise privée que des gouvernements et de leurs organismes subventionnaires. À côté des budgets alloués à la recherche, ceux qui vont vers la diffusion de la science, vers la culture scientifique, apparaissent en effet bien maigres. D’une part, " le ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie, applaudit la volonté des chercheurs de diffuser leur savoir, mais sans qu’aucun suivi n’ait été fait jusqu'ici ", fait remarquer Claire Levasseur. D’autre part, ce qu’on appelle la diffusion de la culture scientifique, dépend du ministère de la Culture et de la Communication, qui se dit parent pauvre en la matière. Alors comment résoudre la quadrature du cercle ? Parmi les solutions possibles, Hervé Fisher, président de Science pour tous, a avancé que 1% des subventions accordées à la recherche soient réservées à sa diffusion. Jean Nicolas avance aussi l’idée qu’un certain pourcentage puisse être réservé pour la formation en vulgarisation de chaque étudiant à la maîtrise ou au doctorat.

Claire Levasseur, ancienne directrice générale de l’Astrolab du Mont Mégantic, sait d’expérience qu’il est possible d’aller trouver des mécènes auprès de l’entreprise privée. La visibilité est souvent un bon argument pour les convaincre: la création du Centre des Sciences dans le Vieux-Port de Montréal en est un bon exemple. Mais " il reste un long chemin d’exploration à faire ". Pour mieux diffuser la science auprès du grand public, que cela soit fait par les chercheurs, les communicateurs ou les deux, " il faut à tout prix convaincre les gouvernements qu’ils ont une responsabilité là-dedans ", affirme Claire Levasseur. Avec l’avenue du colloque, la pierre est lancée et le pont se construit...

Anne Nabet

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