XIIe Congrès forestier mondial
Les propriétaires de forêts privées
inquiets de leur avenir
(ASP) - La plupart des propriétaires
de forêts privées d’Amérique
du Nord et d’Europe traversent de bien mauvais jours.
Les prix obtenus sur les marchés ne couvrent pas
leurs investissements. Et la valeur des propriétés
entretenues à des fins environnementales n’a
pas augmenté assez pour que la revente soit rentable.
Depuis 1983, le retour sur l’investissement
a décru en moyenne de 3,4 % pour les 25 millions
de propriétaires forestiers de l’Occident.
En conséquence, des centaines de lots détenus
par des familles depuis plusieurs générations
sont vendus à la grande industrie. " Nous
avons besoin de prospérer et pour cela, nous devons
créer des alliances ," a plaidé
Peter Sanders, du Nouveau-Brunswick, à l’occasion
du 4e Congrès international de la forêt privée,
tenu en marge du XIIe Congrès forestier mondial,
qui avait lieu récemment à Québec.
La Suède, réputée pour
son industrie forestière familiale soi-disant prospère,
voit en réalité ses revenus stagner depuis
les années ’70. En Allemagne, le nombre d’heures
de travail en forêt privée a chuté
de 1400 heures/année en 1960 à... 2 heures/année
en 2002.
" Nous subissons le dumping de
produits forestiers de moindre qualité en provenance
de pays du Sud et la Russie exploite d’immenses superficies
qu’elle écoule à très bas prix
en Europe " déplore le Finlandais Esa
Härmälä, président de la Confédération
européenne des propriétaires forestiers.
Les industriels forestiers et les compagnies papetières
de l’Union européenne pèseraient également
de tout leur poids politique pour conserver les prix de
vente sous la valeur de productivité.
En France, les producteurs forestiers se
plaignent des coûts élevés de transport
du bois et du monopole de Électricité de
France (EDF). " Les propos des industriels forestiers
et des papetières qui parlent de la rareté
de la ressource sont une véritable intoxication.
Nous pensons qu’en France, la croissance biologique
de la forêt privée est deux fois supérieure
à la récolte et que les industriels sont
effrayés par notre capacité de les concurrencer ",
a souligné M. De Chassy, de l’Association
des propriétaires forestiers de France.
Le portrait semble moins sombre aux États-Unis.
Propriétaires de 60 % de la ressource, les exploitants
forestiers privés se félicitent d’avoir
obtenu des déductions fiscales importantes pour
leur travail, après des décennies de luttes.
À ces avantages fiscaux s’ajoute un retour
à la campagne depuis le 11 septembre 2001: la National
Woodland Owners Association (NWOA) estime que l'industrie
forestière profite de la demande de 300 nouveaux
propriétaires de terrains privés par semaine.
En Suède, une vaste campagne en faveur
de la conservation des lots forestiers familiaux a donné
de bons résultats. " Nous estimons que
plus de 60% des lots resteront dans les familles d’origine
car leur valeur tant ligneuse qu’environnementale
est reconnue ", selon Segersteen Christer, de
la Swedish Forest Owner Association. " Nous
aurons néanmoins besoin de changements de mentalités
chez les politiciens. Les propriétaires privés
apportent une contribution importante à la santé
des communautés tant rurales qu’urbaines.
Cette réalité doit être reconnue "
conclut Peter Sanders.
