Les hobbits, ces " petits hommes " qui ont peut-être vécu sur une île de l’Indonésie jusqu’à voici 18 000 ans, n’ont pas fini de faire parler d’eux. De nouveaux éléments renforcent leur filiation avec l’Homo Erectus.

Au cours du congrès de la Société de paléoanthropologie tenu à la fin-avril à San Juan, Porto Rico, les anatomistes Susan Larson et William Jungers, de l’Université Stony Brook à New York, sont d’abord venu dire que le squelette original était celui d’un homme et non d’une femme. Mais cela mis à part, la forme de ses épaules le rapproche de l’Homo Erectus, et non de l’humain moderne ; or, l’hypothèse principale veut que cet " Homme de Florès ", qui ne mesure qu’un mètre de haut, soit effectivement un descendant rachitique de l’Homo Erectus, qui était arrivé en Asie plusieurs centaines de milliers d’années plus tôt. Autrement dit, l’Homme de Florès serait un lointain cousin à nous, une espèce humaine distincte, comme l’homme de Néandertal fut une espèce distincte.

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Les opposants à cette théorie ne s’estiment pas vaincus. Dans l’édition du 19 mai de la revue Science, le paléoanthropologue Robert D. Martin, du Field Museum de Chicago, et ses collègues, continuent d’affirmer que le crâne de petite taille –le seul crâne récolté là-bas, dans la caverne de Ling Bua– est celui d’un humain moderne souffrant de microcéphalie –une maladie qui fait naître avec un crâne beaucoup plus petit que la normale.

C’est le même argument qui avait été émis dès l’annonce de la découverte de ces ossements. En 2005, une équipe de l’Université d’État de Floride avait tenté de le contrer, alléguant que ce crâne ne présente pas les caractéristiques extrêmes associées à la microcéphalie (voir ce texte). Mais Robert Martin répond à présent que certains cas de microcéphalie sont moins graves que d’autres, et ce crâne pourrait en être un exemple.

Les réactions favorables à la chercheure " pro-Hobbit " ont toutefois été plus nombreuses, dont celle, mentionnée par un reportage de la revue Science, de l’expert de l’Homo Erectus, G. Philip Rightmire, de l’Université Binghamton à New York : l’orientation de l’humérus, telle que la décrit le Dr Larson, est effectivement celle d’une espèce différente de la nôtre, dit-il, et non d’un nain moderne.

Seule une poignée de chercheurs a pu jusqu’ici étudier les fragments d’os et en particulier le plus complet des squelettes, celui dont il est question ici. Par ailleurs, les os de l’épaule demeurent encore un exemplaire unique : d’autres chercheurs donneraient leur main droite pour pouvoir fouiller activement les cavernes de Ling Bua, ou d’autres endroits de l’île de Flores. En attendant, William Jungers rappelle que d’autres fragments d’os ont été récoltés, qui ne révèlent rien de spectaculaire, sinon qu’ils appartenaient à des individus dont tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’ils étaient petits.

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