En matière de pontage coronarien, attendre quelques jours avant d'opérer pourrait être bénéfique pour bien des patients. Cinq fois plus de personnes décéderaient lorsqu'elles sont opérées dans les premières heures après leur infarctus.

Les patients âgés de plus de 65 ans restent les plus fragiles. « Plus l'intervention est précoce, plus ils courent de risque. Ce groupe de patients conserve une plus grande mortalité même après 30 jours d'attente », relève le Dr Voisine de Centre de recherche de l'Hôpital Laval.

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Une étude québécoise, présentée en 2006 au Congrès annuel du European Society of Thoracic Surgeons, démontre que la mortalité périopératoire tend à augmenter lors de chirurgies précoces chez les personnes ayant fait des infarctus du myocarde.

Lorsque l'irrigation sanguine s'interrompt, il en résulte souvent un infarctus et une lésion dans le myocarde, cette couche musculaire centrale de la paroi du cœur. Le pontage coronarien permet de rétablir la circulation au moyen d'une dérivation des artères qui alimentent le cœur en sang — un « pont » de vaisseaux provenant des jambes ou de la région mammaire — afin de contourner la partie nécrosée.

Patience et longueur de temps

L'idéal serait d'attendre une semaine avant d’opérer. Le risque de décès des patients passe de 19 % lorsque l'opération se déroule dans les six premières heures à... 3,2 % après 7 jours et jusqu'à 2,4 % après 30 jours ! Une statistique qui s'avère très voisine de celle du groupe témoin — 1,7 % — dont les sujets n'ont pas souffert d’un infarctus du myocarde avant la chirurgie.

Le Dr Voisine constate cependant l'absence de bénéfices supplémentaires chez les plus jeunes : « Les moins de 65 ans présentent moins de risques de décès et donc ont tout intérêt à se faire opérer plus rapidement ».

Cette étude s'appuie sur 13 545 cas d'opérations réalisées entre 1991 et 2005 au sein de l'Hôpital Laval. Contrairement à d'autres recherches américaines réalisées dans de petits centres et aux pratiques hétérogènes, le chercheur pense que cette récente étude permettra de mieux guider la pratique de ce genre d'interventions.

Les cardiologues seraient actuellement poussés à intervenir très rapidement, ce qui ne serait pas toujours la bonne solution. « Les dépistages précoces de maladies cardiovasculaires multiplient le nombre de patients. Ce genre d'étude va nous obliger à adopter une pratique présentant le maximum de bénéfices pour les patients et non à les discriminer seulement sur la base de l'âge », affirme le chercheur. Et dans ce domaine, les décisions doivent se prendre rapidement...

À lire:

"Influence of time elapsed between myocardial infarction and coronary artery bypass grafting surgery on operative mortality" par Pierre Voisine , Patrick Mathieu, Daniel Doyle, Jean Perron, Richard Baillot, Gilles Raymond, Jacques Métras, François Dagenais dans le l’European Journal of Cardio-Thoracic Surgery : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=16439152&dopt=Abstract

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