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Quelques générations avant les Européens, des Polynésiens sont manifestement venus en Amérique du Sud. L’argument vient cette fois des... poulets.

Bien que cela ne fasse pas de ces Polynésiens les « découvreurs » de l’Amérique, puisque les Amérindiens y vivaient déjà depuis plusieurs milliers d’années, cela ajoute encore une touche de complexité au portrait des habitants de ce continent avant Christophe Colomb.

En 1532, le conquérant espagnol Francisco Pizaro avait noté au Pérou la présence de poulets, notamment dans les rituels religieux. Or, le poulet a été d’abord domestiqué en Asie, et en Amérique, on n’en trouve pas du tout de traces anciennes (2000 ans et plus) dans les fouilles archéologiques — ce qui devrait pourtant être le cas, s’il avait accompagné les premiers migrants de l’Asie vers l’Amérique, il y a plus de 10 000 ans.

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Pour cette raison, plusieurs prétendent donc depuis longtemps que la présence de ces poulets au Pérou est la preuve que des marins polynésiens, dans leurs migrations d’île en île tout au long du Pacifique Sud, sont venus jusqu’en Amérique. C’est la preuve de cette hypothèse que prétend à présent apporter Alice Storey, de l’Université d’Auckland, en Nouvelle-Zélande.

Ayant réussi à analyser le bagage génétique d’ossements de poulets datant des années 1300, soit avant l’occupation européenne, des ossements de poulets qui lui ont été envoyés depuis le Chili par un collègue, elle a comparé ceux-ci avec des ossements de poulets provenant de cinq archipels de la Polynésie. Bingo ! Les séquences de l’ADN mitochondrial, celui qui se transmet de mère en fille, sont identiques.

L’article, paru le 5 juin dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences, enthousiasme les promoteurs de la thèse polynésienne, mais incite en même temps à la prudence. Co-auteur de l’étude, l’Australien Atholl Anderson souligne le risque de vouloir surestimer « l’influence culturelle » de ces Polynésiens.

Tant qu’on n’aura pas d’autres arguments — la présence de la patate douce en Amérique du Sud est également un filon de recherche— l’existence d’une poignée de « contacts trans-océaniques » ne doit pas être perçue comme la preuve qu’il existait à l’époque un réseau d’échanges culturels dans cette région.

 

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